Impacts directs et indirects des différentes interactions parasite-prédateur-proie sur la dynamique cyclique d’une communauté de vertébrés terrestres arctiques soumise à des changements climatiques
L’Arctique se réchauffe plus rapidement que toute autre région de la planète et prédire la réponse de la biodiversité aux changements climatiques (CC) est devenue un domaine de recherche extrêmement actif. La plupart des études concernant les impacts du CC sur la biodiversité se sont jusqu’à présent concentrées sur des réponses au niveau individuel, principalement sur la phénologie, la physiologie ou les changements de répartition des espèces. Cependant, il est reconnu que les interactions biotiques sont à l’origine des processus écologiques et évolutifs clés, et influencent les réactions des écosystèmes aux CC. Ainsi, prévoir les effets des CC dépend de notre capacité à comprendre les interactions entre espèces les plus vulnérables aux changements climatiques et les plus déterminantes au niveau de la structure et du fonctionnement des communautés.
Les interactions prédateur-proie (PPI) jouent un rôle majeur dans la structuration des communautés des vertébrés terrestres arctiques. Il est donc essentiel de comprendre comment l’intensité de ces interactions varie en fonction des contraintes du CC pour évaluer les changements en cours de la biodiversité arctique.
Si les PPI sont principalement perçues comme des interactions trophiques directes (létales) entre les espèces de proies et de prédateurs, elles peuvent également prendre différentes formes au niveau de la communauté. Ainsi, les PPI peuvent être non trophiques/non létales lorsque les prédateurs induisent des réponses anti-prédateurs (effets du risque) chez les proies, n’impactant pas nécessairement leur présente abondance mais plutôt leur survie à long terme et / ou leur reproduction.
Ce projet s’inscrit dans la continuité de notre projet « Interactions-1036 » financé par l’Institut Polaire Français-IPEV entre 2011 et 2014 et prolongé en 2015-2018. Dans nos projets précédents, nous avons approfondi notre compréhension des interactions directes et indirectes entre les lemmings, les limicoles et leurs prédateurs communs. Le nouveau projet INTERACTIONS (2019-2022) visera désormais à capitaliser sur cette expertise afin de l’élargir aux interactions interspécifiques plus complexes, impliquant deux objectifs :
– des observations à plus grande échelle temporelle sur les sites précédemment étudiés afin de mieux apprécier l’effet des fluctuations annuelles ;
– l’extension à l’étude des réponses individuelles des proies et des prédateurs selon l’intensité de leurs interactions.
L’originalité de notre projet consiste en l’étude mutuelle des réponses comportementales des proies et des prédateurs aux variations d’intensité de leurs interactions et des conséquences pour la dynamique et la répartition des différentes populations.
Une meilleure compréhension de l’évolution des interactions prédateurs-proies dans les écosystèmes terrestres arctiques pourrait avoir de fortes répercussions sur notre capacité à comprendre les effets du CC sur l’évolution de la biodiversité.