06 février 2017
Alain Lamalle est décédé le 30 janvier dernier à l’âge de 75 ans, à Toulon.
Si peu de personne aujourd’hui sur les districts l’on connu, il a cependant laissé une empreinte significative sur les îles subantarctiques, tant sur base qu’hors base, et de nombreuses infrastructures de recherches qu’il a contribué à mettre en place servent toujours les programmes en cours. Alain Lamalle occupait en effet le poste qui est aujourd’hui celui de Yann Le Meur à l’IPEV, en tant que coordinateur et opérateur logistique de terrain dans le subantarctique.
C’était un personnage haut en couleurs, qui a marqué la mémoire de toute une génération de scientifiques et qui a mis en place les programmes qui perdurent aujourd’hui et qui ont ouvert la voie à de nouvelles recherches. Le positionnement actuel de la France comme leader mondial des recherches sous ces latitudes australes doit beaucoup au soutien apporté par Alain et ses collaborateurs pendant plus de trente ans car il a contribué à offrir à la communauté scientifique les infrastructures de recherche dont elle avait besoin dans les îles australes. Ainsi, la plupart des cabanes gérées aujourd’hui par l’IPEV sur le terrain ont été mises en place par Alain et son équipe, y compris des installations importantes comme Pointe Bénédicte à Amsterdam ou le site d’Armor à Kerguelen, sans parler des laboratoires comme Biomar à Port-aux-Français ou ceux du bâtiment Albatros à Alfred Faure.
Il disposait à l’époque de moyens logistiques lourds pour apporter soutien aux scientifiques : Curieuse, Marion Dufresne, hélicoptères etc… Il y avait en particulier jusqu’à 2 hélicoptères avec leurs équipages en permanence à Kerguelen pendant les campagnes d’été et La Curieuse était présente sur zone toute l’année, avec 2 équipages qui se relevaient tous les 6 mois. Avec ces outils exceptionnels, Alain n’aimait rien tant que de monter des opérations de grande envergure au service des scientifiques : il y a eu par exemple PLURICRO fin 1981 au cours duquel il a organisé la visite de toutes les îles de l’archipel Crozet et un séjour prolongé sur l’Ile de l’Est ; ou bien encore le séjour d’un mois sur l’Ile des Pingouins en 1985, île inaccessible par embarcation et qui n’avait jamais été étudiée auparavant. Il a conduit d’autres opérations de ce type à Kerguelen, par exemple une grande campagne d’étude de Val Studer dont la cabane actuelle est l’héritage, ou encore la visite des Iles Nuageuses. Tous les travaux de géologie dans l’ouest de l’archipel n’auraient jamais pu être réalisés à l’époque sans le soutien logistique qu’il a mis en place, et c’est sans parler des nombreuses campagnes réalisées près du Glacier Ampères dans les années 1990, à la Mortadelle.
Alain Lamalle connaissait tous les districts des TAAF : il a hiverné en Terre Adélie et a été chef de district de la 8ème mission à Crozet. Il travaillait à la Mission de recherche des TAAF jusqu’à ce qu’il accompagne la création de l’institut polaire à Brest en 1992. Les dernières années, il avait transformé le bâtiment L2 à Port-aux-Français en son QG de campagne, coordonnant avec ses collaborateurs tous les programmes de recherche à Crozet, Kerguelen et Amsterdam.
Bref, une forte personnalité qui a marqué bien des scientifiques qui réalisent aujourd’hui qu’une page se tourne avec sa disparition.
Sa disparition attriste profondément les personnels de l’institut qui l’ont connu et qui ont travaillé avec lui.
Nos pensées vont naturellement à son épouse, Michèle, et à ses enfants. Nous n’oublions pas non plus les compères d’Alain, Henri Pérau et Roland Pagni qui, avec Romuald Bellec toujours en poste à l’IPEV, formaient une équipe de choc au service de la science dans les îles australes.
Yves Frenot
Directeur de l’IPEV