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L’Antarctique est un continent recouvert de glace situé à l’extrême sud de notre planète. Entouré par l’océan Austral, c’est la région la plus froide, la plus sèche, et la plus élevée du monde.
Depuis 1959 et la signature du Traité sur l’Antarctique, ce continent est dédié à la paix et à la science.
La France y maintient deux stations :
Dumont d’Urville est la station historique française. Installée sur la côte en Terre Adélie, elle accueille depuis 1955 jusqu’à 120 personnes en été et est maintenue par une vingtaine d’hivernants en hiver.
Concordia est une station franco-italienne installée en plein cœur de l’Antarctique. Elle accueille depuis 2005 de 12 à 15 hivernants et jusqu’à 70 personnes durant l’été austral.
Bien avant sa découverte, l’existence de l’Antarctique est présupposée dès l’Antiquité sous l’hypothèse que la Terre étant une sphère symétrique, il fallait un continent au sud pour contrebalancer les terres de l’hémisphère Nord. Aristote lui-même évoque la nécessité de cet équilibre et de l’existence d’une Terra Australis.
Les navigateurs du 16ème siècle, le portugais Bartolomeu Dias, Magellan puis Francis Drake, prouvent que cette Terra Australis n’est contigüe ni à l’Afrique, ni à l’Amérique.
En 1773, James Cook est le 1er navigateur à franchir le cercle polaire antarctique (66°33’39 S). Il est arrêté par la glace en janvier 1774 à la latitude record de 71°10’S. Il est également le 1er navigateur à faire le tour du continent (mais sans le savoir).
Le continent lui-même est aperçu pour la première fois par le russe Bellinghausen, en janvier 1820
Ce serait le chasseur de phoques américain John Davis qui le premier aurait accosté sur le continent en février 1821.
En 1838, des navigateurs français commandés par Dumont d’Urville partent à la recherche du Pôle Sud magnétique. Le 21 janvier 1840, ils accostent sur le continent à un endroit que Dumont d’Urville baptise Terre Adélie, en l’honneur de sa femme.
En 1897-98, le Belgica commandé par Adrien de Gerlache, effectue le 1er hivernage dans les glaces de la péninsule Antarctique. Puis, en 1899, le Norvégien Borchgrevink installe la 1ère base sur le continent, au Cap Adare (est de la Terre Adélie), où il effectue le 1er hivernage à terre.
Le Pôle Sud géographique est atteint le 14 décembre 1911 par le Norvégien Roald Amundsen, 1 mois avant que le Britannique Robert Falcon Scott et son équipe n’y parviennent (16 janvier 1912). Le voyage de retour coûtera la vie à Scott ainsi qu’à ses 4 compagnons d’infortune.
En 1950, les Expéditions Polaires Françaises (EPF), fondées par Paul-Emile Victor, construisent la base de Port-Martin en Terre Adélie. Les bâtiments sont détruits par un incendie en janvier 1952 et l’équipe française s’installe sur l’île des Pétrels dans l’archipel de Pointe Géologie à 5 km du continent, sur le site actuel de la base Dumont d’Urville créée en janvier 1956.
Pendant l’Année Géophysique Internationale de 1957, un grand nombre d’expéditions ont lieu et 12 pays installent 48 stations opérationnelles, la plupart sur les côtes mais également quelques-unes sur l’inlandsis (base russe de Vostok, base américaine d’Amundsen-Scott).
La base Charcot est construite en 1957 à 320 km de Dumont d’Urville et sera définitivement fermée en décembre 1959.
Le Traité sur l’Antarctique est signé le 1er décembre 1959 et entre en vigueur le 23 juin 1961. Il gèle toutes les revendications territoriales sur le continent.
L’Antarctique est un continent situé autour du pôle Sud et cerné par l’océan Austral dont la limite nord est fixée au 60ème parallèle sud. Il est donc constitué d’une grande île, également appelé Antarctique et d’une série de petites îles dans l’océan Austral.
L’Antarctique couvre une superficie de plus de 14 000 000 km2, qui double avec la banquise se formant en hiver jusqu’à 800 km du rivage.
L’Antarctique est divisée en deux par la chaîne Transantarctique située près de la péninsule antarctique entre la mer de Ross et la mer de Weddell.
La partie faisant face aux océans Atlantique et Indien est appelée Antarctique oriental, elle forme un plateau d’environ 10 millions de km2 recouvert de glace et culmine à 4030 mètres, environ au centre du plateau.
L’Antarctique occidental comprend notamment la péninsule antarctique, qui remonte vers le Chili, où se trouve la majeure partie de la surface non englacée du continent et qui est entourée de nombreuses îles.
Environ 98 % de l’Antarctique est couvert par l’inlandsis de l’Antarctique d’une épaisseur moyenne de 1,6 km.
Le massif Vinson, point culminant de l’Antarctique avec 4 892 mètres d’altitude, est situé dans les monts Ellsworth.
Si la côte de l’Antarctique, relativement facile d’accès, est plutôt bien connue, de nombreuses zones du plateau sont encore inconnues.
L’Antarctique est née il y a au moins 3,8 milliards d’années (GA), âge des plus anciennes roches que l’on y a trouvé. Sa croissance s’est ensuite poursuivie au gré des formations et dislocations des supercontinents que furent le Nuna (1,8 à 1,6 Ga), le Rodinia (1,3 à 0,93 Ga), le Pannotia (0,68 à 0,55 Ga), puis le Gondwana (0,45 à 0,25 Ga).
La fragmentation du Gondwana a provoqué l’individualisation progressive de l’Antarctique (un rift sépare d’abord l’Afrique de l’Inde, puis l’Inde se détache complètement suivie d’un bloc comprenant la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Antarctique, l’Australie se sépare de l’Antarctique puis l’ouverture du passage de Drake isole l’Antarctique de l’Amérique du Sud), qui s’est mis à dériver vers le pôle sud à partir de 60 millions d’années (MA).
Il y a 30 Ma, l’Antarctique est définitivement isolée et l’ouverture du passage de Drake, au sud du Cap Horn, crée un courant marin circumpolaire qui isole climatiquement le continent blanc en barrant la route aux influences tempérées des autres océans : Atlantique, Indien et Pacifique.
C’est vers 14 Ma que l’Antarctique devient inlandsis, c’est à dire un continent coiffé d’une épaisse calotte glaciaire. Toutefois, les glaces fluent en profondeur et vers l’océan et l’on ne pense pas que celles qui sont là actuellement puissent dépasser 900.000 ans.
Il y a deux grands domaines géologiques en Antarctique :
Le plus ancien est à l’Est et il est constitué par des vestiges continentaux qui forment des noyaux de roches appelés « cratons » entourés par des ceintures formées lors de télescopages occasionnés par la dérive des continents. L’érosion a raboté toutes les parties supérieures de ces ensembles dont il ne reste aujourd’hui que les zones plissées les plus profondes : ce sont les « racines » de vieilles chaînes montagneuses.
La partie occidentale a été plusieurs fois remobilisée (fusion puis magmatisme) ; elle est donc plus jeune. Actuellement, deux chaînes de montagne en structurent la morphologie :
L’Antarctique est recouvert à plus de 98% par les glaces. Grâce à l’utilisation du radar et des satellites, associée aux observations de terrain, on peut connaître la topographie de l’inlandsis et l’épaisseur de la glace et suivre son évolution.
L’épaisseur moyenne de l’Inlandsis est de 1.300 m en Antarctique de l’Ouest et de 2.200 m à l’Est. Son épaisseur maximale approche les 5.000 m. Sa base est alors à plus de 2.500 m sous le niveau de la mer. Il est alimenté par les chutes de neige qui sont plus importantes sur les régions côtières. Les précipitations à l’intérieur du continent sont inférieures de moitié à celles reçues par les déserts les plus chauds. Années après années, la neige s’accumule et se transforme en glace compacte. Sous l’effet de cette surcharge et de la gravité, la glace s’écoule du centre de la calotte vers la périphérie du continent. Ces déplacements, très faibles au centre de l’inlandsis, quelques dizaines de centimètres par an, sont plus rapides, de l’ordre de la centaine de mètres par an, pour les grands glaciers qui, au niveau de la côte, drainent vers l’océan les glaces continentales.
L’inlandsis se prolonge dans certains secteurs par d’immenses plateformes de glace appelées ice-shelf, s’étalant et flottant sur l’océan Austral, dont les surfaces cumulées dépassent 1,5 millions de km². Les 3 plus importantes sont celles d’Amery, de Ronne et de Ross, dont la superficie est voisine de celle de la France.
En avançant sur l’océan, les ice-shelves se fragmentent en bloc dont l’épaisseur peut dépasser 400 m et qui constituent des icebergs tabulaires. Certains peuvent dépasser la taille de la Corse.
Chaque hiver, l’océan autour de l’Antarctique gèle. L’eau de mer, du fait de sa salinité, commence à geler en surface à partir de -1,8°C. D’abord fragiles, les glaces en formation sont détruites à chaque tempête. Puis, au fur et à mesure que le froid s’intensifie, la glace de mer s’épaissit et s’étend pour former la banquise dont l’épaisseur moyenne est de 40-60 cm. Au maximum d’extension, en septembre, la surface de la banquise peut atteindre 20 millions de km², ce qui double la surface englacée de l’hémisphère sud.
Au sein de la banquise existent de manière persistante et récurrente des zones d’eau libre appelées polynies qui sont reliées à la remontée d’eaux profondes. La plus vaste est celle située dans la mer de Weddell orientale dont la taille atteint 250.000 km².
En février, vers la fin de l’été austral, la banquise s’est totalement disloquée et la plupart des côtes sont libres d’accès. Le continent n’est donc accessible que pendant 2 à 3 mois d’été, et cela de façon aléatoire car l’état des glaces est lié aux caprices du climat.
Le rythme annuel de la formation et de la disparition de cette immense quantité de glace a une influence profonde sur la circulation océanique globale, les échanges thermiques entre l’océan et l’atmosphère et la biologie des océans de l’hémisphère sud.
Du fait de l’Altitude, du faible ensoleillement, de l’isolement par le courant circumpolaire antarctique et du pouvoir réfléchissant de la glace (80% des rayons lumineux sont réfléchis vers l’atmosphère), l’Antarctique est le lieu le plus froid de la planète.
La température la plus basse mesurée par télédétection par la NASA a été estimée à -93,2°C à Dôme Argus en 2010, et le record de température mesurée sur place est de -89,2°C mesurés à Vostok en 1983.
Le climat est très contrasté entre la côte où les températures maximales se situent entre 5 et 15°C et l’intérieur du continent où les minimales fluctuent entre -80 et -90°C. Ceci s’explique notamment par l’altitude et l’influence des fronts météorologiques qui parviennent rarement à pénétrer l’intérieur du continent qui reste alors très froid, très sec et très peu venté, tandis que la côté subit à la fois ces fronts venus de l’océan et les vents catabatiques qui peuvent déferler de l’intérieur du continent à plus de 200km/h.
La vitesse moyenne du vent est relativement modérée dans les régions centrales (10 à 20 km/h) et plus élevée sur les côtes (30 à 70 km/h) où les rafales peuvent atteindre des vitesses record tels les 320 km/h enregistré à la base Dumont d’Urville.
Paradoxalement, il neige très peu en Antarctique. Les dépressions atmosphériques pénètrent difficilement à l’intérieur et l’essentiel des précipitations se produisent sur les côtes. L’intérieur du continent est un véritable désert : sur une superficie de 5 millions de km², il tombe chaque année moins de 5 cm d’équivalent en eau et souvent moins de 2 cm ! Il a donc fallu un temps considérable pour constituer la couche de glace de plusieurs kilomètres d’épaisseur qui compose l’inlandsis.
À l’échelle internationale, l’Antarctique est depuis 1959 un continent dédié à la paix et à la Science. En effet, suite au succès de l’année géophysique internationale de 1958, les nations conduisant des activités en Antarctique souhaitèrent s’assurer que cette région du monde puisse continuer à être explorée à des fins scientifiques sans risque d’en faire l’objet de discordes internationales géopolitiques ou mercantiles.
Le 1er décembre 1959, l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l’URSS signent donc à Washington DC le Traité sur l’Antarctique qui règlemente les relations entre les états signataires au sujet des territoires situés au sud du cercle polaire antarctique.
Aujourd’hui ce Traité rassemble 54 nations : les 12 parties consultatives d’origine, auxquelles se sont ajoutées 17 nations, et 25 parties non consultatives.
Le Traité n’autorise en Antarctique que les activités pacifiques. Il dédié le continent à la science, chaque pays signataire est donc libre d’installer une station de recherche où bon lui semble. Il gèle les revendications territoriales : les 7 états ayant revendiqué une partie du continent ne sont pas tenus d’y renoncer mais ne peuvent en faire état, et toute nouvelle revendication est interdite.
Depuis 1958, de multiples conventions, comités et conseils ont été créés afin de compléter les engagements pris à la signature du Traité et préciser les conditions d’accès et la présence humaine en Antarctique.
La Terre Adélie, région de l’Antarctique de l’Est où est installée la station Dumont d’Urville, a été revendiquée par la France qui a confié son administration aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), un territoire d’outre-mer français qui rassemble également les districts des archipels de Crozet et Kerguelen, des îles Saint-Paul et Amsterdam et des îles éparses de l’océan Indien. Les personnes présentes en Terre Adélie sont donc placées sous l’autorité du préfet des TAAF, représenté sur place par un chef de district.
Le cœur du continent antarctique est particulièrement hostile à toute forme de vie, la faune et la flore de l’Antarctique se concentre donc sur ses côtes et dans l’océan Austral.
Grâce à ses eaux très riches en nutriments et en oxygène, l’océan Austral abrite une importante biomasse, donc le réseau alimentaire prend trouve sa source en la présence de plancton, et de krill abondant dans les eaux polaires. Le krill est constitué de nombreuses espèces de crustacés, se nourrissant de plancton, dont la plus fréquente, l’Euphausia superba, ressemble à une crevette. La masse du krill, sans doute la biomasse la plus abondante de la planète, pourrait dépasser 500 millions de tonnes ! En été, il peut former des bancs de 500 km², dont la couleur rosée est détectable par les pêcheurs mais aussi par les satellites ! Au cœur du réseau alimentaire, le krill sert de nourriture de base aux poissons, baleines, phoques, manchots et autres oiseaux.
L’océan Austral abrite également quelques espèces de poissons, 300 sur les 20.000 peuplant le monde, dont les plus emblématiques sont sans doute le poisson des glaces, Champsocephalus gunnari, dont le sang ne contient pas d’hémoglobine et le Notothenia qui sécrète des molécules antigel.
Une quarantaine d’espèces d’oiseaux, représentant 200 millions d’individus, vivent dans la zone australe ; la moitié d’entre eux se reproduit pendant l’été sur les rares terres et îles qui bordent le continent. Les espèces les plus représentées sont les pétrels, les skuas, les sternes et bien sûr les manchots.
Ces derniers sont des oiseaux ne pouvant pas voler mais extrêmement bien adaptés au milieu marin et au froid. Quatre espèces vivent en Antarctique, mais si manchots à jugulaire et papous fréquentent la péninsule, seuls les Adélie et les empereurs nichent sur le rivage des côtes. Les manchots se regroupent par milliers sur la banquise ou sur les côtes en formant ce que l’on appelle des rookeries afin de se tenir chaud. Le manchot empereur est le plus grand et le plus lourd des manchots. On le trouve dans quelques dizaines de colonies seulement, chacune constituée de milliers d’individus.
Les mammifères, tous marins, sont représentés par les cétacés (baleines, orques…) et les pinnipèdes (phoques et otaries), au nombre de 8 espèces, dont 4 se reproduisent près du continent. Cependant, les otaries ne dépassent pas la péninsule et il n’y a pas de morse. Plusieurs espèces sont particulières à l’Antarctique : les phoques crabiers, les plus nombreux, comptent plus de 15 millions d’individus, alors que ceux de Weddell sont les plus imposants (3 m de long pour plus de 400 kg) ; les léopards de mer, plus rares, se nourrissent principalement de manchots : ils peuvent en avaler jusqu’à 20 par jour !
À la surface de l’Antarctique, la flore est très peu développée : on trouve lichens et mousse sur les rochers et des algues microscopiques dans la glace ou dans les lacs souvent gelés, ainsi que deux plantes à fleurs dans la péninsule Antarctique, plus tempérée. L’essentiel de la flore Antarctique est donc fixée sur les fonds marins où évolue dans la colonne d’eau.