Evolution des glaciers alpins pendant l’Holocène dans le sud du Groenland
Les glaciers de montagne indépendants de la calotte glaciaire du Groenland (GrI) au nombre de 18.500 environ sont connus pour leur grande sensibilité aux variations climatiques. Ce sont donc de très bonnes cibles pour documenter les fluctuations des glaciers pendant l’Holocène et explorer les forçages climatiques naturels responsables de leur évolution. Cependant, nos connaissances sur leur évolution restent très limitées. Pourtant on peut étudier les fluctuations de ces glaciers en cartographiant et en datant les moraines qu’ils forment au cours du temps à l’aide de datations cosmogéniques. Des recherches récentes ont révélé une évolution asynchrone à l’échelle millénaire en fonction de la latitude de ces glaciers. Au nord de 65° N, sur la façade est du Groenland, c’est au début de l’holocène que l’extension des glaciers alpins a été maximale. En revanche, les quelques données disponibles obtenues au sud de 65° N sur cette même façade est du Groenland, provenant des glaciers de montagne, des GrI ou des sédiments lacustres, suggèrent une extension maximale à la fin de l’Holocène. L’hypothèse la plus fréquemment évoquée pour expliquer cette différence de comportement des glaciers met en avant les effets des courants océaniques sur les conditions climatiques locales.
L’objectif de ce projet est de documenter l’évolution des glaciers au pas de temps millénaire dans le sud-est de l’île et identifier les forçages climatiques associés et ainsi tester l’influence des courants et autres forçages naturels sur le comportement des glaciers de montagne. Ainsi nous souhaitons documenter la chronologie des fluctuations de cinq glaciers locaux sur la base de la datation de leurs moraines à l’aide du 10Be. Trois glaciers seront sélectionnés près de Narsarsuaq et deux autres glaciers près de Sisimiut. Environ 80 échantillons seront analysés au laboratoire Cerege. Les liens potentiels entre les fluctuations des glaciers et les conditions climatiques régionales seront étudiés à travers une compilation d’enregistrements indirects climatiques et des changements de température et de précipitation des deux simulations climatiques transitoires (LOVECLIM et TrAce) en utilisant les différentes expériences de forçage déjà disponibles (C02, volcanisme, insolation, changements AMOC…).
Ce projet d’une durée de 4 ans s’appuie sur des collaborations établies depuis plusieurs années. Il sera dirigé par V. Jomelli DR2 Cerege, assisté par R. Braucher CRCN Cerege qui seront en charge de la partie terrain et des datations cosmogéniques. Des collaborations externes sont développées avec l’IGE pour les aspects glaciologiques et avec EPOC et l’Université de Sydney (CCRC) pour les aspects modélisations climatiques.