Nouveaux habitats benthiques du Kongsfjorden
Depuis 2009, nous observons et étudions les changements de la morphologie côtière au sud du Kongsfjorden, devant les glaciers du Estre, Middre et Austre Lovendbreen, afin de suivre et d’enregistrer l’évolution, les processus de transferts sédimentaires accompagnant le changement climatique en Arctique. Ainsi, grâce à la succession de différentes campagnes d’acquisition menées avec l’IPEV (Spistbay2009, Seispts2012, C3-2016-2018), puis l’obtention d’une bourse de thèse (Université de Nantes), nous pouvons maintenant répondre à certaines questions. Le retrait des glaciers entraine une contraction du nombre des rivières sous glaciaires qui atteignent effectivement le fjord lui-même. La tendance à la progradation de la côte, effective jusqu’en 1990, s’est inversée. On observe maintenant une tendance à l’érosion, relative à la diminution du nombre des rivières apportant des sédiments à la côte. Par contre, les rivières encore actives déposent directement dans le domaine infralittoral de grands volumes de sédiments, créant ainsi de larges pro-deltas, qui continuent à se développer depuis 2009.
Ainsi, en 2017, les modifications environnementales engendrées par ces apports d’importants flux sédimentaires (et d’eau douce) en provenance des rivières sous glaciaires, sont désormais visibles sur les fonds marins sub-littoraux, révélés par les images sonar. Les écosystèmes ont changé et de nouveaux habitats benthiques se mettent en place. Certains de ces habitats, comme des champs de laminaires, ont été observés sur les prodeltas, préalablement composés de sédiments « nus » lors des échantillonnages effectués les années précédentes pour la calibration des images acoustiques.
De plus, un nouvel évènement est en train de se mettre en place au fond du Kongsfjorden, l’avancée rapide (surge) prédite du Kongsvegen (projet KINGSurge de l’UNIS 2018-2020, RiS ID 10933). L’apport brusque et massif d’eau douce et de sédiments dans le compartiment marin, ainsi que le vêlage de nombreux icebergs devrait alors profondément modifier ces nouveaux habitats benthiques observés dès 2017.
Le projet KHONBAS consiste à suivre l’évolution de ces nouveaux habitats benthiques à l’aide de marqueurs biologiques en étroite relation avec les fluctuations du sédiment : les foraminifères benthiques. Cette approche combinée sédiments/foraminifères devrait nous permettre, non seulement de suivre les changements des paramètres environnementaux grâce aux foraminifères, mais également d’identifier des « indicateurs » de stabilité ou d’instabilité de cet environnement, indicateurs précieux dans cet environnement Arctique particulièrement changeant. Ce projet se déroulera sur 4 ans en combinant l’approche géophysique (sismique, sonar) et biologique (étude des foraminifères).