Circulation d’agents infectieux en sub-Antarctique dans les populations de vertébrés coloniaux : surveillance, compréhension des processus et implications pour la gestion
La description et la compréhension des facteurs qui affectent la circulation d’agents infectieux dans les populations animales et leurs effets sur leur démographie sont importantes d’un point de vue fondamental, mais aussi appliqué. Les populations de vertébrés sauvages vivant dans les zones polaires de l’hémisphère sud sont de plus en plus sujettes à des menaces dues à des maladies infectieuses, en plus d’autres menaces environnementales, et il est primordial de disposer de données de base sur l’état éco-épidémiologique de ces systèmes et de comprendre leurs dynamiques. Les populations de vertébrés se reproduisant en colonies sont particulièrement importantes à étudier dans ce contexte car elles peuvent subir des épisodes de mortalités pouvant atteindre des centaines voire des milliers d’individus, et elles sont distribuées en unités discrètes au sein et entre lesquelles la transmission d’agents infectieux peut être affectée par différents processus complexes. Dans ce projet, nous nous proposons de continuer d’explorer comment les processus de dispersion à grande échelle et les interactions locales entre hôtes et parasites peuvent affecter la circulation d’agents infectieux et ses conséquences possibles. Afin de faire cela, nous combinerons des analyses de laboratoire sur des échantillons prélevés sur le terrain dans le cadre de suivi à long-terme dans un contexte spatialisé, la conduite d’expérimentations (à l’aide de vaccins notamment) de terrain et le développement de modèles. Des techniques de biologie moléculaires modernes et des loggers seront notamment utilisés. Une approche d’anthropologie sera aussi intégrée, pour aborder des questions sur les relations en processus éco-épidémiologiques, préoccupations concernant la biosécurité et la conservation de la biodiversité. Le projet bénéficiera des résultats obtenus par l’équipe du programme ces dernières années, notamment sur le cholera aviaire sur l’île d’Amsterdam. L’acquisition de données et d’échantillons reposera en partie sur la poursuite de collaborations avec des programmes IPEV déjà en place dans des sites clefs. Le travail sera conduit en coordination avec la Réserve Naturelle Nationale des Terres Australes, notamment dans le cadre du Plan National d’Action Albatros d’Amsterdam et du Plan de Gestion de la Réserve. Un axe spécifique sera développé sur les tiques et agents infectieux transmis par les tiques ; un autre axe concernera les agents infectieux transmis d’une façon directe entre individus et potentiellement responsables d’épidémies, tel que l’agent du Cholera aviaire. Une approche quasi-expérimentale pour déterminer les effets d’une espèce tel que le rat surmulot sur les dynamiques éco-épidémiologiques pourra être implémentée dans le contexte du plan d’éradication des mammifères introduits de l’île d’Amsterdam. Enfin, un axe se focalisera sur l’optimisation de la mise en place de programme de surveillance et de gestion.