Contribuer à un système d’observation intégré de l’Arctique autour du Svalbard
L’Arctique a subi lors des deux dernières décennies des changements majeurs, marqués notamment par une réduction de la couverture de glace et une augmentation plus marquée de la température de l’air que dans le reste du globe. Ces changements affectent dès à présent les écosystèmes et pourraient avoir un impact sur la circulation atmosphérique et le climat de l’Europe. La mise en place de systèmes d’observations est donc un enjeu majeur, d’autant plus que les observations sont rares étant donné la difficulté d’accès aux hautes latitudes. Le projet INTAROS-Svalbard s’inscrit dans cette optique et a pour objet de renforcer la mise en œuvre de mesures intensives dans la région autour du Svalbard, un des super sites définis dans le projet européen (H2020) INTAROS (INTegrated ARctic Observing System). Cette région est une région clé pour l’équilibre de l’Arctique car elle est un des points d’entrée majeurs de l’eau chaude en provenance de l’Atlantique à l’origine de très fortes interactions de surface entre l’océan, d’une part, et l’atmosphère ou la glace, d’autre part. En tant que zone de transition entre les bio-provinces arctique et atlantique, elle est aussi particulièrement sensible aux effets du changement climatique.
Les objectifs du projet INTAROS-Svalbard sont de mieux décrire et comprendre (i) les conditions qui contrôlent la redistribution de la chaleur de la veine d’Eau Atlantique lors de son entrée dans l’océan Arctique, son lien avec la glace de mer et la structure thermohaline de l’océan de surface ; (ii) les interactions entre les vagues et la glace dans les zones côtières à l’ouest du Svalbard en se concentrant sur un des principaux fjords, le Kongsfjord, et (iii) la réponse de la biologie et des populations benthiques à l’évolution de la glace de mer et des propriétés des masses d’eau dans ce fjord.
Pour atteindre ces objectifs, le projet s’appuiera sur le déploiement en été de gliders dans le détroit de Fram et au nord du Svalbard. Ces mesures hautes résolution permettront de caractériser la structure tridimensionnelle du courant Atlantique et des tourbillons. Des mouillages au nord du Svalbard fourniront des séries multi-annuelles du courant (vitesse, température salinité) et de la distribution de la glace de mer, et serviront à analyser le lien entre la glace et la stratification et les échanges entre le plateau et la pente. Dans le Kongsfjord, l’enregistrement des signaux acoustiques ambiants par des hydrophones permettra, en parallèle avec des mesures par accéléromètre de l’activité biologique des bivalves et des paramètres environnementaux, d’analyser cette activité en rapport avec l’environnement et notamment l’évolution de la glace de mer. Les signaux acoustiques permettront par ailleurs de mieux comprendre les interactions entre les vagues et la glace.