La transition entre fronts marins et fronts continentaux à la marge des inlandsis en cours de retrait : ce que nous apprennent les archives sédimentaires de stabilisations glaciaires
Que se joue-t-il formellement, en période de déglaciation, au moment de la transition fronts glaciaires marins/fronts terrestres ? Une stabilisation semble alors souvent intervenir, qui peut au moins localement retarder le calendrier de déglaciation. Dans le cadre du projet STABIL-ICE nous voulons tester l’hypothèse que la transition fronts glaciaires marins/fronts continentaux induit un comportement glaciaire et un enregistrement sédimentaire exceptionnels -qui miment un signal de détérioration climatique-, et caractériser les processus à l’origine de telles stabilisations dont la compréhension permettra une meilleure lecture des archives paléoglaciaires.
Cette recherche s’appuie sur l’étude d’enregistrements sédimentaires offerts à l’affleurement par le rebond isostatique post-glaciaire. Nous ciblons les successions fini-Pléistocène-Holocène inférieur de deux chantiers analogues en Baie de Disko (Groenland, objet du présent projet IPEV) et sur les marges Québec-Labrador (en collaboration avec l’Université Laval, Takuvik, Canada). Ces chantiers permettent de travailler sur : (1) un volet sédimentologique, par une analyse fine des faciès de dépôt, de la morphostratigraphie et du cadre temporel des prismes de stabilisation glaciaire ; (2) un volet méthodologique, pour la calibration des modèles d’âges par estimation des taux de production de cosmonucléides dans les zones à rebond glacio-isostatique significatif; (3) un volet paléoglaciaire, par la caractérisation (dynamique, âges) des fronts successifs de retrait glaciaire des inlandsis laurentidiens et groenlandais; ces trois volets étant en fait liés deux à deux.