Les Jeux d’hiver de l’Arctique 2023 – Jeunesse, culture et environnement arctiques

L’impératif de la durabilité sociale et environnementale des grands évènements sportifs internationaux est aujourd’hui incontournable. Dans le contexte d’une remise en cause des modèles à dominante politico-économique de ces Jeux, il devient crucial, pour les organisateurs comme pour les territoires qui les accueillent, d’intégrer ces dimensions comme un fondement, et d’en évaluer la portée réelle, afin d’affirmer le sens sociétal de ces évènements, leur héritage auprès des populations et des territoires qui les accueillent. En ce sens, ces évènements doivent apparaître aujourd’hui as « much more than sports events » (Petersen, Ren, 2015 ; Thomsen et al., 2018 ; Ren, Mahadevan, Fuchs, 2021).
Ce projet de recherche porte sur les Jeux d’hiver de l’Arctique, dont l’édition 2023 aura lieu à Wood Buffalo (Alberta, Canada, du 29 janvier au 4 février 2023), et s’inscrit dans cette intention. Il s’agit de réaliser une enquête auprès des responsables et des participants de ces Jeux pour comprendre comment la durabilité de ces Jeux, mêlant enjeux sociaux et environnementaux, est concrètement envisagée. Depuis leurs origines, ces Jeux font du respect de la culture et de la nature arctiques un principe. Organisée en 2023 à Wood Buffalo, territoire qui se caractérise par la présence du plus grand parc national du Canada et qui recouvre les terres ancestrales des Cris, des Dénés et des Métis, cette édition des Jeux est une occasion intéressante pour saisir comment les rencontres sportives sont une occasion unique et originale de revendiquer une spécificité territoriale, mêlant un respect des peuples autochtones et de leur culture, qui ne peut s’envisager sans la défense du patrimoine naturel arctique.
Les entrées sociales et environnementales de cette enquête seront sondées à partir d’entretiens semi-directifs et de sondages réalisés auprès des organisateurs et des participants aux Jeux. Les données seront complétées par un travail documentaire (sur les statuts des Jeux, leur cahier des charges, etc.) et une approche ethnographique. Cette méthodologie sera mise en place selon un travail à la fois indépendant et mené en collaboration avec le comité international qui chapeaute les Jeux (Arctic Winter Games International Committee) et le comité d’organisation local d’organisation des Jeux. L’un des objectifs du projet est en effet de pouvoir apporter aux organisateurs un regard distancié sur l’organisation de l’évènement, et sur des points à améliorer (réalisation d’un bilan-carbone des Jeux –aujourd’hui inexistant–, positionnement des questions environnementales en lien avec les problématiques communautaires et identitaires de l’Arctique au cœur des Jeux, etc.). Il s’agira aussi de voir ce qu’une recherche autour de la notion de durabilité des Jeux suscite chez les organisateurs comme réactions et comme adaptations. Nous construirons ainsi une posture de « proximité critique » davantage qu’un regard strictement extérieur, dont d’importants travaux récents ont montré le caractère parfois problématique dans le contexte arctique (Hansen & Ren, 2020 ; Ren, Thomsen, 2020).
Ce projet s’envisage sur deux années. La première (2022) consistera en la mise en place du groupe international de chercheurs (Julien Fuchs, Carina Ren, Robert C. Thomsen et Christine Dallaire, des partenaires scientifiques ainsi que des étudiants de thèse ou de Master). Des séminaires de travail, majoritairement organisés en ligne, permettront la construction de la méthodologie de recherche. Les premières données seront également récoltées sur le terrain par un travail sur les archives et les documents des comités organisateurs des Jeux, de même que par des entretiens semi-directifs menés avec les organisateurs et les membres du comité international.
La seconde année (2023) consistera en la poursuite de la collecte de données auprès des responsables de la mise en œuvre des Jeux de même qu’auprès des participants aux Jeux (sondage, entretiens) lors de l’édition de Wood Buffalo (29 janvier-4 février 2023). Elle nécessitera donc un déplacement de l’équipe sur le site des Jeux. La fin de l’année 2023 sera consacrée à la récolte des dernières données de terrain par des entretiens, au traitement des données recueillies et à la rédaction du rapport de l’enquête, qui sera restitué lors d’un séminaire final de travail et présenté aux organisateurs des Jeux.