Les phoques de l’Antarctique et l’environnement des glaces de mer
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Les phoques de l’Antarctique et l’environnement des glaces de mer

Les zones englacées sont particulièrement sensibles au réchauffement global (IPCC SROCC 2019), et il est nécessaire de déterminer comment les prédateurs de la banquise utilisent leur environnement physique et biologique pour comprendre et prédire leur réponse au changement climatique dans les différentes régions antarctiques. Les évènements brutaux comme le vêlage de grands icebergs fournissent le cadre idéal d’expériences naturelles pour étudier les conséquences de modifications d’habitat sur l’écologie des prédateurs marins. De plus, les modèles climatiques prédisent l’augmentation de la fréquence des vêlages en réponse au réchauffement global, et il devient opportun d’étudier leurs conséquences sur l’océanographie et les écosystèmes de la banquise. Nous proposons de tirer parti de l’occasion unique offerte par le vêlage du glacier du Mertz (2010), qui a bouleversé les conditions de glace et la circulation en Terre Adélie, pour en étudier les conséquences sur l’écologie en mer des phoques de Weddell, pour lesquels nous disposons déjà d’une série d’observation pré-vêlage (2006-2009). En utilisant des profils verticaux de T/S/Fluo et d’accéléromètrie collectés par les phoques en hiver, nous allons relier leur comportement de recherche alimentaire aux conditions hydrographiques avant et après le vêlage du Mertz, et étudier l’impact de cet évènement sur les interactions glaces/océan et production primaire et sur les performances alimentaires des phoques de Weddell. Les données de T/S/fluo nous permettrons d’étudier le rôle peu connu des facteurs physiques de l’océan sur la production primaire sous la banquise. Nous comptons aussi compléter notre série temporelle sur l’écologie en mer pendant l’été (après la reproduction) pendant laquelle la fonte des glaces stimule la production primaire. Enfin, nous utiliserons des micro-sonars pour mesurer les champs de proies rencontrées par les phoques et étudierons ainsi leur comportement alimentaire à fine échelle. Nous continuerons aussi de développer et tester pendant la période de reproduction de nouvelles manières de collecter, au moyen de capteurs embarqués par les phoques, des paramètres clés mais largement sous échantillonnés de la banquise, tels que son épaisseur (micro-sonars) et sa biomasse d’algues de glace (capteurs optiques). Enfin, nous proposons une nouvelle étude sur la communication vocale chez les phoques de Weddell. Les pinnipèdes utilisent les vocalisations pour toutes leurs interactions sociales et leur fonctions vitales telles que la sélection de partenaires, la défense de territoire, les interactions mère-jeune, et l’alerte aux prédateurs. Chez de nombreuses espèces de pinnipèdes, les mères et jeunes se reconnaissent mutuellement par des vocalisations. Jusqu’à présent, les études de reconnaissances mères-jeunes chez les phocidés sont rares, et des études expérimentales sont nécessaires. Nous proposons de i) étudier le début de la reconnaissance vocale mère-jeune par des expériences de playback aériens sur les mères et les jeunes de différents âges entre la naissance et le sevrage ; ii) étudier les communications vocales sous-marines entre mères et jeunes en utilisant deux types de balises acoustiques déployées sur les mères et/ou les jeunes ; et iii) étudier l’activité vocale sous-marine des phoques de Weddell tout au long de l’année à Dumont d’Urville, par suivi acoustique passif au moyen d’hydrophones immergés.