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Concordia est une station franco-italienne opérée par l’Institut polaire français et le Programma nazionale di ricerche in Antartide.
Habitée en continu depuis 2005, c’est l’une des trois seules stations implantées à l’intérieur du continent antarctique, ce qui en fait, entre autres, un lieu important pour les réseaux d’observation sismique et géomagnétique de notre planète.
Concordia est construite sur le site du Dôme C, sur une calotte glaciaire de 3300 m d’épaisseur qui permet, à travers des carottages de glace, de retracer le climat terrestre des années passées. Le forage EPICA a permis de lire le climat des 800 000 dernières années et les prochains carottages visent à dépasser le million d’années. En plus de son altitude élevée, la faible humidité de l’air, la faible pollution lumineuse et atmosphérique font d’elle le site idéal pour l’astronomie et les études de physico-chimie de l’atmosphère.
La station est composée de deux tours, l’une accueillant les activités « calmes » (chambres, laboratoires, hôpital …), l’autre les activités « bruyantes » (cuisine, séjour, salle de sport, ateliers …) et de bâtiments techniques. Pendant la campagne d’été, une partie du personnel est logée au camp d’été, un ensemble de bâtiments et de tentes situé à 500 m de la station. Autour, différents bâtiments hébergent des installations scientifiques.
La conception de la station a fait appel à des concepts architecturaux et technologiques innovants et conformes aux recommandations du Traité sur l’Antarctique. Les eaux grises sont recyclées par une unité de traitement développée en collaboration avec l’Agence spatiale européenne. Le chauffage est produit par cogénération lors du fonctionnement de la centrale électrique. Les déchets organiques sont transformés en compost par un digesteur, les autres déchets sont triés et reconditionnés pour être retraités à l’extérieur du continent.
75°06’S – 123°21’E
3233 m d’altitude
1er hivernage en 2005
12 à 15 hivernants
et jusqu’à 70 personnes en été
– 30°C en moyenne l’été
et -63°C l’hiver
Le projet d’une nouvelle station de recherche au Dôme C a été initié par les Expéditions Polaires Françaises dans les années 1980. L’étude initiale, comprenant les installations nécessaires, le système de transport et le camp de base côtier fut achevée en 1991. À cette époque, le Programme antarctique italien (PNRA) exprime son intérêt pour le développement de la recherche scientifique et technologique en Antarctique et pour la participation au projet Dôme C. L’intérêt de collaborer à un tel projet était évident et un accord a été signé le 9 mars 1993 entre le PNRA et l’Institut Polaire Français Paul-Émile Victor successeur des EPF. Cet accord établit les deux opérateurs nationaux comme partenaires égaux dans la construction et l’exploitation de la station de Dôme C, maintenant appelée « CONCORDIA ».
Le Dôme C est un plateau haut de 3200 m, où la calotte glaciaire atteint 4000 mètres d’épaisseurs, ce qui en fait un lieu particulièrement intéressant pour la glaciologie puisque des forages très profonds pourraient permettre de retracer l’histoire du climat des 500 000 dernières années. Le lieu est également idéal pour l’étude des variations de la couche d’ozone, des observations astronomiques et cosmologique car l’atmosphère y est très pure et exempte de vapeur d’eau du fait de la très basse température qui y règne. Le site devrait également permettre de participer au réseau d’observation sismique et magnétique en Antarctique.
La station devait également servir à l’expérimentation de technologies nouvelles, notamment en lien avec les agences spatiales qui avaient manifesté leur intérêt dans le projet en raison de la similitude des conditions de vie entre la station et une station orbitale (isolement, confinement, climat extrême), pour y mener des études de suivi physiologique et psychologique.
L’installation sur le Dôme C commence lors de la saison 1998-1999, plusieurs campagnes d’étés ont été nécessaires pour l’acheminement des 3000 tonnes de matériel et la construction de la station. Le premier hivernage aura finalement lieu en 2005, il permettra de mettre au point les fonctions techniques de la station, la mise en service de l’unité de traitement des eaux notamment et de valider les qualités astronomiques du site.
La station est installée à 75°06’S / 123°21’E.
C’est l’une des trois stations permanentes installées à l’intérieur du continent, et non sur la côte, avec la station américaine Amundsen-Scott installée au Pôle sud et la station russe Vostok.
Elle est à 1100 km de la station Dumont d’Urville et à 1200 km de la station italienne Mario Zucchelli.
Concordia est installée sur un plateau à 3233 mètres d’altitude, sur une épaisseur de 4000 mètres de glace. Du fait de l’altitude et de l’affinement de la couche atmosphérique au-dessus des pôles la pression atmosphérique donne une altitude ressentie à environ 3500m.
La température moyenne annuelle à Concordia est de -55°C. Elle varie entre -30°C et -50°C en été, et peut atteindre les -80°C en hiver. Le vent, même très faible (10 nœuds maximum) influence fortement la température ressentie.
Du fait de la très basse température, l’atmosphère est exempte de vapeur d’eau et l’air y est donc très sec. En moyenne, il y a entre 2 à 10 cm de neige par an.
La pression atmosphérique est en moyenne de 645hPa.
La vitesse moyenne du vent est de 2,8 m/s, soit un tout petit peu plus que 10 km/h et peut atteindre au maximum les 17 m/s (61,2 km/h).
L’ensoleillement est permanent entre mi-novembre et fin-janvier, il diminue ensuite jusqu’à devenir totalement nul entre mi-mai et fin-juillet, période suite à laquelle le soleil réapparaît au-dessus de l’horizon pour de plus en plus longues périodes.
Le créneau horaire de la station a été choisi de manière à ce que les heures les plus chaudes de la journée soient celles travaillées, les horaires de la station sont fixés sur le fuseau horaire UTC + 8. Il y a 7 heures de décalage horaire entre la station et la France lorsque la France est à l’heure d’hiver, et 6 après le passage à l’heure d’été. Il y deux heures de décalage avec la station Dumont d’Urville, qui est, elle, liée à l’horaire australien (UTC + 10).
Concordia a été retenue par la feuille de route nationale sur les infrastructures de recherche en tant que Très grande infrastructure de recherche (TGIR). C’est-à-dire qu’elle a été identifiée comme « un outil ou dispositif possédant des caractéristiques uniques identifiées par la communauté scientifique utilisatrice comme requises pour la conduite d’activités de recherche de haut niveau ».
Les critères d’inscription à la feuille de route impliquent aussi la présence d’une gouvernance identifiée, unifiée et effective et d’instances de pilotage stratégique et scientifique, d’une ouverture à la communauté scientifique souhaitant l’utiliser, sur la base d’une évaluation par les pairs, la conduite d’une recherche propre ou la mise à disposition de services à une ou plusieurs communautés d’utilisateurs intégrant les acteurs du secteur économique. Les grandes infrastructures de recherche doivent également être en mesure de produire une programmation budgétaire pluriannuelle ainsi qu’un budget consolidé intégrant les coûts complets et de mettre à disposition les données produites.
L’inscription d’une infrastructure de recherche sur la feuille de route nationale représente un label de qualité et une reconnaissance de sa valeur dans la Stratégie Nationale de Recherche. Le pilotage de ces infrastructures a vocation à veiller au maintien des positions françaises au sein des grands projets de recherche européens, sans affaiblir pour autant le soutien aux installations nationales qui restent le premier point d’accès de nos chercheurs.
Les TGIR relèvent d’une stratégie gouvernementale traduite au moyen de plusieurs actions de la Loi organique relative aux lois de finances et d’un fléchage budgétaire du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elles sont nationales ou font l’objet de partenariats internationaux ou européens, notamment par leur engagement dans la feuille de route du forum stratégique européen (ESFRI). Elles sont des instruments majeurs dans les réseaux de collaboration industrielle et d’innovation. Les TGIR sont sous la responsabilité scientifique des opérateurs de recherche
La France et l’Italie, par l’intermédiaire de leurs ministères de la recherche ont signé un accord de coopération scientifique pour leurs activités de recherche en Antarctique et notamment l’exploitation de la station Concordia.
Pour la partie opérationnelle, l’Institut polaire et son homologue le PNRA signent eux-même un accord qui définit les apports de chacun, financier ou de service pour le fonctionnement de la Concordia. Par exemple, les italiens ont à charge l’acheminement du matériel et du personnel par voie aérienne et les télécommunications tandis que les français gèrent les raids logistiques et le parc de véhicules.
Les membres de l’équipe d’hivernage sont donc français et italiens, parfois d’autres nationalités recrutées par l’un des deux pays.
La station est composée de deux tours de 3 niveaux raccordées entre elles et aux bâtiments en conteneurs hébergeant la centrale électrique et la station de traitement des eaux par des couloirs couverts au rez-de-chaussée. Les tours sont installées sur des pilotis pour prévenir l’enneigement du site.
Une des tours est consacrée aux activités « calmes », elle héberge :
– Au rez-de-chaussée : l’hôpital, la chambre du médecin, un magasin technique et les salles consacrées aux télécommunications (la mail room), la « cabine téléphonique » ainsi que la chambre du responsable technique.
– Au premier étage : les 16 chambres, les salles de bain (homme et femme) et des toilettes ainsi que la laverie de la station, qui sert également de salle pour l’utilisation du simulateur SoUz.
– Au second étage : les laboratoires de glaciologie, de physique de l’atmosphère, de magnétisme et de sismologie, de biologie humaine, le service radio et informatique et d’antennes, les bureaux du station leader et du coordinateur scientifique.
La seconde tour est consacrée aux activités « bruyantes » avec :
– Au rez-de-chaussée : le groupe électrogène de secours, le workshop technique, une buanderie et les espaces de gestion des déchets (avec les compacteurs, le digesteur).
– Au premier étage : les espaces de stockage alimentaires (chambre froide, magasin d’aliments secs et magasin chauffé à 4°C), la salle vidéo et le gymnase.
– Au second étage : la cuisine, la plonge, la cantine et le salon/bibliothèque/salle de réunion.
Les deux tours sont également traversées par un escalier de secours qui mène aux toits de la station.
La station a été conçue pour accueillir 16 personnes en hiver et 32 personnes pendant la campagne d’été. Pendant la campagne d’été, une quarantaine de personnes en plus peuvent être accueillies au camp d’été.
La plateforme Astroconcordia est un espace situé à l’extérieur de la station et dédié à l’astronomie. Il est notamment composé d’un shelter en bois, qui abrite les espaces de travail des scientifiques, un espace avec le matériel nécessaire pour bricoler les télescopes, des ordinateurs, un serveur de stockage et de transfert des données acquises par les télescopes.
À côté du shelter, on trouve deux arches en bois portant des plateformes qui servent à installer du matériel d’observation en hauteur afin de s’affranchir de la disturbance de l’air qui est plaqué au sol en Antarctique. Il y a également des dômes accueillant les télescopes et un petit shelter de contrôle des instruments installés.
À proximité du camp d’été se trouvent plusieurs espaces dédiés à la glaciologie.
Le workshop EPICA est la tente qui servait à la maintenance des instruments de carottage du projet, et qui sert aujourd’hui d’atelier de stockage, de bricolage, et de détente pour les glaciologues.
La tente EPICA est la tente qui abrite le forage EPICA, où sont toujours menées des études de températures et de diffusion du son. La tente sert occasionnellement pour réaliser des opérations de bricolage, comme la découpe de tubes de casing.
La tranchée « froide », aussi appelée le « buffer », est un bâtiment séparé en deux espaces. La première zone à l’entrée sert à stocker temporairement des carottes de glace. Dans les espaces plus en arrière, les carottes étaient sciées, échantillonnées, et une première étude de spectrométrie y était menée.
La tranchée « chaude » est un bâtiment qui sert de lieu de découpe et de prises de données sur les carottes.
La tour américaine est une tour métallique d’une cinquantaine de mètres de haut qui est équipée d’instruments de mesures scientifiques, essentiellement météorologiques : acquisition de la température, de la vitesse du vent à différents niveaux de hauteurs.
Les sismomètres du site du Dôme C sont actuellement installés au fond de la « cave sismo », un ensemble de containers empilés et enfouis sous la neige. On accède à la cave par une première trappe munie d’une échelle qui mène au système de stockage des données. Une seconde trappe conduit à un tunnel de 45 mètres creusé dans la neige. Après le tunnel, deux échelles métalliques mènent à la cave elle-même, à 15 mètres de profondeur. La température y est constante à -59°C.
L’accumulation de neige déforme la cave actuelle, il est donc nécessaire de construire une nouvelle structure pour accueillir la sismologie. Durant la campagne d’été 2018/2019, un nouveau shelter en bois, sur pilotis a été construit, et un forage à la trapanelle a été initié. L’objectif est d’installer le sismomètre à 130 mètres de profondeur afin d’atteindre la glace. Le forage fait actuellement 130 mm de diamètre mais devra être agrandi et atteindre 220 mm pour que le système puisse être installé.
Le shelter SuperDarn est installé à 1500 mètres de la station, auprès du champ d’antennes du projet. Il accueille les systèmes d’acquisition et de stockage des données du projet.
Le shetler Atmos est un shelter métallique sur pilotis qui sert aux mesures de chimie de l’atmosphère. Il est constitué d’une zone accueillant les pompes d’air, d’une zone d’accueil des appareils de mesure du mercure, d’une partie laboratoires pour les manipulations, de zones de stockage de bouteilles d’Argon, de l’acquisition des données du télescope.
Le toit du shelter est équipé de nombreuses pompes à air, de filtres, et d’un télescope.
Le shelter neige accueille les projets d’études de la neige.
Le géomagnétisme est réparti dans deux shelters enterrés, reliés par un long couloir. Le premier accueille un théodolite, installé de manière à viser à travers le couloir une cible installée dans le second shelter.
L’électricité nécessaire à la production d’eau, au chauffage, à la lumière, et au fonctionnement de tous les appareils qu’ils soient scientifiques, techniques ou de vie quotidienne est produite à partir de fuel importé depuis Hobart. Ce fuel est acheminé par l’Astrolabe jusqu’à la station Dumont d’Urville, puis par le raid jusqu’à Concordia. La centrale est composée de trois génératrices électriques, auxquels s’ajoutent une génératrice de secours installée plus loin dans la station.
Le chauffage est produit par co-génération : la production d’électricité à partir du fuel libère de la chaleur qui réchauffe le circuit d’eau circulant dans les radiateurs de la station.
La station est pourvue de deux systèmes d’approvisionnement en eau. Une eau « fraîche » est produite par fonte de glace dans un fondoir de 7m3. 80m3 (4 conteneurs/cuves de 20m3) de cette eau sont stockés : filtrée, traitée par osmose et rayons UV, elle est potable et sert à la cuisine, à l’eau de boisson.
Grâce à un système de recyclage développé en partenariat avec l’Agence spatiale européenne, les eaux grises (douches, vaisselle …) sont recyclées : traitées et filtrées, et sont remises en circulation pour les mêmes usages. Dans de bonnes conditions de fonctionnement de l’usine de recyclage, cette eau est également potable à la fin du cycle, cependant pour des raisons psychologiques il a été choisi de ne pas se priver totalement d’une production d’eau à partir de la glace.
La production d’eau, qu’elle soit fraîche ou recyclée est totalement dépendante de la production d’énergie de la centrale électrique, elle doit donc, au même titre que l’énergie faire l’objet d’un maximum d’économie.
Les eaux noires sont rejetées dans un trou creusé dans la glace, il a en effet été étudié que cette solution était moins préjudiciable pour l’environnement de l’Antarctique que de ramener en Australie le volume que cette eau représente, du fait des émissions produites par les engins du raid.
Les déchets sont triés, et traités selon leur type :
Pendant la campagne d’été, un tour de service en binôme est organisé pour assurer la vaisselle et le rangement du petit déjeuner, la vaisselle des repas du soir et du midi et le nettoyage des sols. Il y a également un roulement, mais d’une personne seulement, pour le nettoyage des salles communes du camp d’été. Le workshop est nettoyé le samedi après-midi.
Le salon accueille les habitants de Concordia lors de leurs moments de détente : un bar, un babyfoot, une bibliothèque, et un téléviseur sont à leur disposition. C’est également là que se rassemblent les participants à la campagne d’été lors du briefing hebdomadaire du samedi.
La salle de sport
Les chambres
Le rythme annuel de fonctionnement de la saison est directement corrélé avec la possibilité d’y acheminer matériel et personnel. Une année est séparée en deux périodes :
Durant la campagne d’été
La population de la station Concordia peut être divisée de deux manières différentes : d’une part en faisant la distinction entre les équipes françaises et italiennes, et d’autre part en distinguant les membres des projets scientifiques des équipes de maintenance de la station.
Ces dernières se composent en partie du personnel permanent de l’Institut polaire et du PNRA, et en partie de personnel recruté uniquement pour la campagne, mais dont une partie revient en campagne d’une année sur l’autre. On peut citer un responsable de site (station leader), un coordinateur scientifique, un technicien responsable de l’aménagement, un plombier, un électrotechnicien, et des techniciens B3D, une secrétaire, des responsables radio, un cuisinier… qui travaillent en binôme avec les hivernants.
Une partie des hivernants ne prennent donc l’entière responsabilité de leur mission qu’au départ des campagnards d’été.
Pendant l’hivernage
En hiver, l’équipe est réduite à sa plus simple expression. La mission de l’équipe technique (responsable technique, électrotechnicien, plombier-chauffagiste, mécanicien) est de maintenir en route la station, tandis que l’équipe scientifique (informaticien, chimiste, médecin de l’ESA, astrophysicien, glaciologue, physicien de l’atmosphère) est chargée du suivi des projets scientifiques. Le cuisinier-intendant et le médecin nourrissent et soignent tout le monde.
On appelle « raid » le convoi qui, à quatre reprises pendant l’été austral, parcourt la distance entre les installations Robert Guillard sur la côte de la terre Adélie et la station Concordia pour ravitailler cette dernière en vivres, carburant et matériel.
Un raid est composé de trois séries de tracteurs, des challengers MT 865 de chez Catterpillar, qui ont été « hivernés » c’est-à-dire spécialement modifiés pour pouvoir fonctionner à de très basses températures, précédés de dameuses et tirant des caravanes, des cuves de fuel, et des conteneurs de denrées et matériel posés sur des traîneaux.
L’équipage du raid comprend 9 à 10 personnes, dont un médecin. Les caravanes sont spécialement étudiées pour héberger l’équipage, lui apporter confort et sécurité durant ces traversées qui, aller-retour, durent entre 20 et 25 jours.
Le raid est chargé à Robert Guillard, sur le site de Cap Prud’homme sur le continent Antarctique, où est préacheminée la cargaison depuis la station Dumont d’Urville distante de 5 km et l’Astrolabe. Il parcourt ensuite les 1100 km (et 3300 mètres de dénivelé) séparant les deux stations en un peu plus d’une dizaine de jours au rythme d’entre 60 à 120 km par jour en moyenne. Un raid peut transporter entre 150 à 200 tonnes de cargaison.
Pour les télécommunications, le convoi est équipé d’une station Irridium (messagerie électronique et téléphone), de terminaux Inmarsat C et M et d’un émetteur radio HF classique. Trois convois de ce type acheminent 400 à 500 T de matériel et de ravitaillement à chaque campagne d’été. Au retour ils évacuent les déchets de la station Concordia.
Retrouver la « piste » entre deux passages du convoi ou deux étés austraux n’est pas chose facile. Celle-ci n’est matérialisée que par le léger remblai créé par la lame des machines de nivelage. Les véhicules, et plus particulièrement celui situé en tête du convoi, sont équipés de systèmes électroniques de navigation qui reposent sur l’utilisation du GPS. Le véhicule de tête est équipé de puissants projecteurs qui permettent de voir le sol même dans des conditions de visibilité réduites (Whiteout).
La bonne marche du convoi nécessite d’adapter la répartition des charges aux types de traineaux utilisés et à l’état de la « piste » afin de ménager le matériel, d’optimiser la consommation de fuel et de réduire les temps de parcours.
Au retour vers Robert Guillard, le raid est chargé des déchets de la station Concordia, et ramasse au fur et à mesure du trajet les cuves de fuel vides abandonnées lors du trajet aller.
Le personnel de la station, hivernants et campagnards d’été, scientifiques, personnel technique et logisticiens arrivent à Concordia en avion. Une partie d’entre eux depuis Dumont d’Urville, après une traversée de l’océan Austral à bord de l’Astrolabe depuis Hobart en Tasmanie.
Le reste du personnel embarque dans un avion à Christchurch, en nouvelle Zélande ou à Hobart en Australie et transite par les stations américaine MacMurdo et italienne Mario Zucchelli, parfois par la station australienne Casey. Ces stations sont effectivement munies de pistes d’atterrissage empierrées ou sur glace et peuvent donc accueillir les Airbus A319 ou Hercules C130 qui assurent les vols intercontinentaux.
La dernière étape du voyage à destination de Concordia est opérée par deux types d’avion plus petits, et munis de skis pour atterrir sur de la neige damée : des Twin Otters ou des Baslers, qui peuvent également servir à des vols cargos.
Glaciologie et paléoclimatologie : Les 3200m de glace accumulée ont fait l’objet du programme de forage glaciaire européen EPICA (10 pays impliqués) qui, en permettant la reconstruction du climat des 800 000 dernières années, joue un rôle majeur dans les travaux actuels du GIEC sur les changements climatiques à l’échelle planétaire. Les lacs sous-glaciaires, nombreux dans le secteur, offrent également une voie de recherche intéressante. Ces lacs sous-glaciaires de petite taille pourraient participer à la mise au point de nouvelles technologies qui permettront d’aller plus avant dans l’étude de ces milieux extrêmes. Enfin, des études sont menées pour localiser, à proximité de la station, un site favorable à un forage glaciaire permettant de reconstituer le climat sur plus d’un million et demi d’années.
Chimie et Physique de l’atmosphère : De même, l’isolement extrême du site et sa position sous le vortex polaire lui confère un intérêt unique pour les études sur l’atmosphère, l’évolution de la couche d’ozone et la circulation générale des polluants et aérosols.
Astronomie : Les études de la qualité du site menées à Concordia montrent que la situation du Dôme C est particulièrement favorable pour les observations astronomiques en raison de sa position géographique originale (proche du pôle et élevée en altitude) et de son atmosphère extrêmement sèche, froide, raréfiée et très stable. Il semble que ce soit même le site terrestre le plus approprié pour la mise en œuvre de certains types de télescopes, bien meilleurs que des sites existant (Chili par exemple) et surtout beaucoup moins coûteux que des télescopes spatiaux.
Observatoire de la Terre : Compte-tenu de la quasi absence de stations à l’intérieur du continent antarctique, la station Concordia offre un nœud singulier au maillage des observatoires de la planète, particulièrement lâche dans cette région du monde, que ce soit dans le domaine de la météorologie (pris en charge par les italiens), la sismologie, le magnétisme terrestre, la chimie de l’atmosphère etc…
Ingénierie et médecine : Site très isolé aux conditions climatiques sévères, le Dôme C constitue un endroit de choix pour évaluer les techniques et les procédures de futurs travaux sur d’autres planètes et tester l’adaptation de petits groupes d’individus évoluant dans des conditions proches de celles rencontrées dans les engins spatiaux ou les stations orbitales.
Technologies : Les contraintes environnementales nécessitent le développement de technologies et de procédés novateurs pour les équipements de la station elle-même et des convois terrestres, afin d’améliorer leur efficacité et leur performance.