Dumont d’Urville Lucie Maignan 2018
Antarctique ↦ La station Dumont d’Urville

La station Dumont d’Urville

Dumont d’Urville est la station historique française. Station ouverte en 1956, Dumont d’Urville porte le nom du premier français à avoir posé le pied en Antarctique. L’île des Pétrels, sur laquelle elle fut construite, se situe sur la côte de la terre Adélie, un territoire administré par les Terres australes et antarctiques françaises.

L’Institut polaire y assure la gestion fonctionnelle de la station et la conduite des projets scientifiques. Les TAAF y conservent la souveraineté et les missions de service public (radio, médecine, gérance postale).

Le site de sa construction fut choisi en partie en raison de sa proximité avec les manchots Empereur venant se reproduire sur la terre ferme. Le manchot Adélie, plus petit, fait partie intégrante de la vie de la station, cette dernière étant installée au milieu de leur manchotière. Les recherches sur la biodiversité, notamment sous-marine, de son évolution et de son adaptation aux changements climatiques représentent une part importante des études menées à la station. Dumont d’Urville est également une plateforme d’observation de l’atmosphère, de la calotte glaciaire et de la géophysique de notre planète.

La station est un véritable campus scientifique avec une cinquantaine d’installations : lieux de vie, laboratoires de recherche et locaux techniques. Elle est également la porte d’entrée des activités de recherche et de logistique sur le continent notamment via les installations Robert Guillard à Cap Prud’homme, où sont préparés les convois de ravitaillement vers la station continentale Concordia et les raids d’exploration scientifique de l’Antarctique.

Quelques chiffres sur la station Dumont d’Urville : 

66°40’S – 140°01’E
20 m d’altitude
25 à 35 hivernants
et jusqu’à 120 personnes en été
5000 m2 de surface couverte
-1°C en moyenne durant l’été
et -17°C l’hiver

L’histoire de la station Dumont d’Urville

En 1950, 110 ans après le débarquement de Jules Dumont d’Urville en Terre Adélie, les Expéditions polaires française (EPF) installent une première station sur la côte antarctique : Port-Martin où hivernent 11 personnes qui procèdent aux premières observations de météorologie et de magnétisme et effectuent de nombreux raids d’exploration. En 1952 la station est totalement détruite par un incendie. La 3ème expédition qui vient de débarquer s’installe alors dans l’archipel de Pointe Géologie sur l’île des Pétrels. Ce petit observatoire temporaire, dont les bâtiments surnommés « Base Marret » existent toujours, sera fermé en janvier 1953.

L’île des Pétrels, située au pied du glacier de l’Astrolabe, est à nouveau retenue en 1956 pour la participation à l’Année Géophysique Internationale (AGI) de 1957-1958. Les constructions érigées à cette occasion, et dont une partie est toujours en service, sont conçues pour 20 personnes et une occupation provisoire de 3 ans. Cette station reçoit le nom de station Dumont d’Urville. Une station avancée, la base Charcot, est installée en même temps à 300 km de la côte et à 2400 m d’altitude non loin du pôle magnétique sud, 3 scientifiques vont y hiverner pendant 2 ans.

Les premiers bâtiments de Dumont d’Urville sont en acier avec un isolant thermique en sandwich de contreplaqué ignifugé et de Klégécell. La base principale est entourée de 11 petits abris en bois pour différentes utilisations scientifiques et d’un garage pour l’entretien des véhicules chenillés type Weasel et Snowcats. Pendant les campagnes d’été, les EPF bénéficient de l’aide d’un hélicoptère de l’armée de terre.

La station Dumont d’Urville étant idéalement positionnée pour étudier les phénomènes magnétiques et solaires de la haute atmosphère, les résultats obtenus dans ce domaine durant l’AGI sont remarquables. À partir de Dumont d’Urville des raids sont organisés sur l’inlandsis permettant l’acquisition de nombreuses données en glaciologie et en météorologie et la réalisation de profils sismiques et gravimétriques qui permettront d’estimer l’épaisseur de la glace.

En 1959, le gouvernement français décide le maintien de la station à titre permanent et la poursuite des travaux de recherche. Cette décision rend nécessaire sa reconstruction et son extension au cours des campagnes d’été suivantes. Depuis, la station est occupée sans discontinuer.

+

La Terre Adélie

La terre Adélie est une région de l’Antarctique de l’Est, faisant approximativement face à la Tasmanie. Elle représente une aire de 432 000 km2 délimitée par le pôle sud géographique et les 136ème et 142ème méridiens.

La terre Adélie est la région revendiquée par l’état français qui a confié son administration aux Terres australes et antarctiques françaises.

Le climat dans la station Dumont d’Urville

Grâce à l’influence de l’océan, le climat à Dumont d’Urville est relativement clément. Les températures moyennes oscillent entre -16°,7°C en juillet, et -0,9°C en janvier. La moyenne annuelle est donc à -10,8°C, avec des records à -37,5°C et 9,9°C.

Ant DDU AlainMATHIEU InstitutPolaireFrancaisIPEV158

Alain MATHIEU

 

La station est cependant régulièrement balayée par les vents, à 35 km/h en moyenne, et notamment les vents catabatiques déferlant de l’inslandis dont on a mesuré des pointes à presque 250 km/h.

Les précipitations sont difficiles à y mesurer car la neige est remise en suspension dans l’air par le vent, mais les météorologues comptabilisent en moyenne 100 jours de neige par an en moyenne.

La position géographique de Dumont d’Urville fait que contrairement à la majorité du continent, on y observe toujours un rythme solaire quotidien. Le jour peut cependant être très long (jusqu’à 24h en décembre), comme très court (4h en juillet).

+

Les bâtiments sur la station Dumont d’Urville

La superficie totale des bâtiments représente environ 5.000 m². Pendant l’hivernage (mars à novembre), la base héberge entre 20 et 30 personnes réparties entre les services généraux et les services scientifiques assurant l’acquisition de données pour les laboratoires français impliqués dans les programmes polaires.

Les bâtiments techniques

La centrale électrique : La production électrique (90 à 100 kWh de consommation moyenne) est actuellement assurée par des 3 groupes électrogènes Diesel.

La production d’eau : L’eau sanitaire est produite par un distillateur à eau de mer utilisant la chaleur issue des circuits de refroidissement de la centrale électrique. Les volumes moyens produits sont de 5.500 L/jour en été. Il est prévu qu’une partie du chauffage collectif soit également alimenté par cogénération.

Le traitement des déchets : Le traitement des déchets est une préoccupation importante. Elle correspond à une volonté internationale de réduire l’impact de la présence humaine sur le continent Antarctique. L’effort porte sur la réduction des volumes à traiter, la mise au point de procédures de tri et de méthodes de stockage.

Les lieux de vie quotidienne

Le séjour

La station Dumont d’Urville

La cuisine

La station Dumont d’Urville

Le dortoir été

La station Dumont d’Urville

Le dortoir hiver

La station Dumont d’Urville

La salle de sport

La station Dumont d’Urville
+

La population sur la station Dumont d’Urville

Durant l’hivernage, les habitants de Dumont d’Urville sont une vingtaine répartie comme suit :

  • Un cuisinier-intendant et un boulanger-pâtissier
  • Dans l’équipe technique : un responsable technique, un menuisier, un outilleur, un mécanicien responsable de la centrale électrique, un mécanicien en second pour la centrale, un mécanicien garage, un plombier-chauffagiste, un électrotechnicien
  • Dans l’équipe scientifique : un informaticien, un électronicien science, un optoélectronicien, des biologistes/écologues/vétérinaires
  • Pour la météo : un responsable de la station météo et un technicien
  • Et enfin, un gérant postal, un technicien radio, un médecin et le chef de district, personnels des TAAF

Pendant la campagne d’été se déroule la passation entre les hivernants sortants et les hivernants entrants. Les équipes techniques sont complétées par des membres du personnel permanent de l’Institut et des contractuels en fonction des besoins logistiques et des chantiers. C’est également durant la campagne d’été que sont mis en œuvre la majeure partie des projets scientifiques, Dumont d’Urville accueille donc les chercheurs responsables de ces projets et leurs équipes (doctorants, ingénieurs etc,).

L’approvisionnement de la station et l’acheminement du personnel

Du fait du climat et de l’expansion de la surface de la glace de mer bordant la côte de terre Adélie durant l’hiver austral, Dumont d’Urville n’est accessible qu’entre les mois d’octobre et de mars.

Le ravitaillement en vivres, matériel et carburant de la station est opéré en grande partie par l’Astrolabe.

Le personnel est de son côté acheminé en avion depuis Paris, soit jusqu’à Hobart, en Tasmanie où il pourra embarquer à bord de l’Astrolabe ou prendre un nouvel avion à destination de l’Antarctique, soit jusqu’à Christchurch en Nouvelle-Zélande où un vol transcontinental l’emmènera en Antarctique. En Antarctique, les vols intercontinentaux atterrissent généralement auprès des stations américaine Mac Murdo, ou australienne, Casey qui sont équipées de piste d’atterrissage pouvant accueillir des Airbus A319 ou Hercules C130. La liaison jusqu’à Dumont d’Urville se fait ensuite à bord de plus petits avions, munis de skis pour atterrir sur des pistes de neige damée : des Twin Otter ou des Basler.

+

L’Astrolabe

L’Astrolabe est un navire brise-glace (classe Ice Breaker 5 du Code polaire) construit en 2017 afin de remplacer son prédécesseur du même nom.

Ant DDU Astrolabe OlivierHaye Institutpolairefrançais 2018 (95)

Olivier Haye

Sa construction est le fruit d’un partenariat entre les Terres australes et antarctiques françaises, propriétaire du navire, la Marine nationale, son armateur, et l’Institut polaire français qui l’exploite.

Ce partenariat prend la forme d’un groupement d’intérêt public entre les TAAF et la Marine nationale et d’une convention entre la Marine et l’Institut polaire.

Au cours d’une année, l’Astrolabe remplit deux types de missions :

  • 120 jours par an , des missions de soutien à la logistique antarctique : il transporte du fret et des passagers entre l’Australie (plus précisément Hobart en Tasmanie) et la station Dumont d’Urville en Terre Adélie au profit des TAAF et de l’Institut polaire. Dans le cadre de la coopération scientifique internationale entre la France et l’Australie, l’Institut polaire peut demander que des missions de ravitaillement soient réalisées au profit de l’Australian Antarctic Division.
  • Le reste de l’année, des missions de Défense : l’Astrolabe remplace le patrouilleur austral l’Albatros et assure, depuis la Réunion, des missions de souveraineté dans le sud de l’océan Indien.

L’Astrolabe effectue 4 à 5 aller-retours, appelés « rotations », entre Hobart et Dumont d’Urville par an, entre novembre et février. Ces rotations permettent de ravitailler les stations Dumont d’Urville et Concordia, le fret continuant sa route vers cette dernière par convois terrestre. Avec une quarantaine de passagers à son bord, l’Astrolabe joue également un rôle essentiel dans l’acheminement du personnel scientifique et technique vers ces stations.

L’Astrolabe est également utilisé pour des campagnes scientifiques hauturières, durant la traversée de l’océan austral (projets MINERVE, SURVOSTRAL…) ou de courtes campagnes côtières, lorsque les conditions de glace de mer le permettent.

Durant l’hiver austral, la glace de mer, aussi appelée « pack » s’étend généralement très largement autour de l’Antarctique et rend impossible l’accès au continent.

La première rotation du navire « R0 » était jusqu’en 2012 programmée fin octobre, au tout début de l’été austral. Celle-ci permettait l’acheminement des équipes techniques et du matériel préparant les traversées terrestres à destination de la base Concordia. Les conditions de glaces encore incertaines à cette époque, obligent l’embarquement de deux hélicoptères à bord du navire, guidant son approche à travers le « pack » et permettant les transports depuis le bord.

Depuis 2012, les conditions de glace à l’approche du continent Antarctique se sont modifiées et la banquise se maintient pendant l’été austral obligeant l’Institut polaire à s’adapter pour effectuer le déchargement du navire (débarquement sur banquise).

Quelques dates

Juin 2015 : le navire est commandé aux chantiers Piriou par le Ministère des Outre-mer

12 juillet 2017 : le navire est baptisé

Septembre 2017 : il est immatriculé au port de la Pointe des galets sur l’île de la Réunion

Novembre 2017 : départ de l’Astrolabe pour sa première traversée de l’océan austral

Description du navire

  • Longueur hors tout : 72 m
  • Largeur : 16 m
  • Tirant d’eau : 5,30 m
  • Fret : 1,200 t
  • Capacité personnels (équipage/passagers) : 60
  • Vitesse : 14 Kt
  • Propulsion diesel : 4 x 1600 kW
  • Générateurs : 2 x 500 kWe
  • Générateur de secours : 1 x 150 kWe
  • Propulseur d’étrave : 500 kW
  • Helideck

+

La recherche scientifique

Dumont d’Urville est une plateforme d’observation sur le long terme d’un intérêt fondamental pour l’étude de l’atmosphère, de la calotte glaciaire, des phénomènes géophysiques et des populations animales (mammifères et oiseaux marins). Elle est un élément clé de plusieurs réseaux internationaux de surveillance de l’évolution de notre planète. À ces études sur le long terme, s’ajoutent de nombreux projets de recherche thématique de plus courte durée.