Accès rapides
La découverte de l’Arctique débute en 330 av. J.-C. avec Pythéas, navigateur grec parti de Marseille, qui navigue vers le nord jusqu’aux îles Shetland ou l’Islande.
Vers 982
Le Viking Erik le Rouge part de Scandinavie pour l’Islande puis, chassé de l’île, il fonde une colonie au Groenland (« le pays vert ») qu’il nomme ainsi pour attirer d’éventuels colons.
1594-1597
Le Néerlandais Willem Barents découvre le Spitzberg (déjà connu des navigateurs nordiques). Mais le navire, pris dans les glaces, est endommagé et l’équipage est forcé d’hiverner dans les pires conditions, au nord de la Nouvelle-Zemble (76°N), une première pour les Européens.
1616
A la recherche du passage du Nord-Ouest, William Baffin et Robert Bylot remontent la côte Ouest du Groenland jusqu’à 77°45’N. Ils découvrent les détroits de Lancastre, de Smith et de Jones. C’est seulement 2 siècles plus tard que sera franchi le passage du Nord-Ouest menant à l’océan Arctique puis, par le détroit de Bering, à l’océan Pacifique.
1725-1741
Le Danois Vitus Bering, envoyé par le Tsar Pierre le Grand, découvre le détroit entre la Sibérie et l’Amérique, qui porte aujourd’hui son nom, les îles Aléoutiennes et la côte Sud de l’Alaska, dont il prend possession au nom du Tsar.
En 1818
Le commandant britannique John Ross et Edward Parry pénètrent dans la baie de Melville et deviennent les premiers européens à rencontrer des « Eskimos » dont la particularité est de « se déplacer à toute allure sur des traîneaux tirés par des chiens ». Ils cherchent en vain le passage du Nord-Ouest et font demi-tour dans le détroit de Lancastre. Lors d’une seconde expédition (1819-1820), E. Parry parviendra au méridien 113°O.
1878-1879
Après une première tentative avortée pour rejoindre le Pôle Nord en 1872, le Suédois Adolf Erik Nordenskjöld se fait fort de trouver le passage du Nord-Est. Il navigue le long des côtes de la Sibérie. En septembre 1878, bloqué par les glaces, Nordenskjöld décide d’hiverner dans la baie de Kolioutchine, à 200 km à l’ouest du détroit de Bering. Il parvient enfin à se dégager le 18 juillet 1879 (après 294 jours de captivité) ; 2 jours plus tard, le détroit est franchi.
1893-1896
Le Norvégien Fridtjof Nansen dérive avec le Fram à travers l’océan Arctique et apporte ainsi l es preuves de l’existence du courant marin transpolaire qui fait dériver la banquise.
1903-1906
Le passage du Nord-Ouest ne fut pas conquis par mer avant 1906 lorsque l’explorateur norvégien Roald Amundsen termina un périple de 3 ans avec le Gjøa. C’est au cours de ce trajet que l’explorateur apprend les techniques Inuit qui lui permettront d’atteindre le Pôle Sud en 1911.
1909
L’Américain Robert Peary déclare être arrivé au pôle géographique le 6 avril mais sans avoir effectué la moindre observation de longitude, ni rapporté la moindre preuve. Son ancien ami, le Docteur Frederick Cook ne fera guère mieux, bien qu’il proclame avoir pour sa part « atteint le pôle, le 21 avril 1908, et découvert une terre dans le Grand Nord ». Il semblerait que Peary se soit en fait approché très près du Pôle Nord (quelques milles) mais sans l’atteindre réellement.
1937-1938
Le Soviétique Ivan Papanine et plusieurs compagnons, partis de l’archipel François-Joseph, atterrissent en avion à 89°43’N et établissent la première base dérivante le 21 mai. Ils dérivent pendant 9 mois jusqu’à la mer du Groenland.
1948-1953
Expéditions du Français Paul-Émile Victor au Groenland.
En 1958
Le sous-marin nucléaire américain Nautilus traverse l’océan Arctique et passe sous le Pôle Nord le 3 août. Puis, le 17 mars 1961, le sous-marin nucléaire américain Skate fait surface à 90°N. 1968 – 1969 : le Britannique Wally Herbert relient Point Barrow (Alaska, le 21 février 1968) au Spitzberg (le 29 mai 1969) en passant par le Pôle en traîneau. Robert Peary n’ayant vraisemblablement pas atteint le Pôle Nord en 1909, ce serait donc le premier homme à l’avoir atteint par voie « terrestre »
Région située au nord de la Terre, à l’intérieur et aux abords du cercle polaire arctique, parallèle de latitude 66°36′. C’est la limite du « soleil de minuit ».
Le nom d’Arctique provient de la constellation de la Grande Ourse, située au nord (arctos = ours). Cette région comprend l’océan Arctique, dont une grande partie est gelée en permanence (banquise) et le nord des terres qui l’entourent : péninsule scandinave, nord de la Russie et de la Sibérie, de l’Alaska, du Canada, le Groenland, le Spitzberg, etc. La situation géopolitique de l’Arctique est très différente de celle de l’Antarctique. En effet, les territoires sont tous possessionnés par les pays entourant l’océan Arctique (Norvège, Russie, Canada, etc.).
Si l’océan Arctique (13.000.000 de km² et plus de 4.000 m de profondeur) est parfaitement délimité, comment fixer la frontière des régions arctiques terrestres ? Est-ce le cercle polaire, la limite des arbres ou bien celle du sol constamment gelé en profondeur, le pergélisol (Sous-sol gelé en permanence. Seule la surface (mollisol ou zone active) dégèle en été. On l’appelle également permafrost) ? La réponse la plus couramment admise est la ligne à l’intérieur de laquelle la température de l’air ne dépasse jamais 10°C durant le mois le plus chaud (juillet). Cette isotherme, appelée ligne de Köppen, coïncide relativement bien avec le passage des arbres (taïga) à la toundra. Ainsi, l’Arctique s’étendrait sur une surface d’environ 24 millions de km², dont 17 d’océan, un peu plus de 3 de continent et près de 4 d’îles éparses, des Aléoutiennes au Labrador, son diamètre maximum dépassant 7.000 km.
La dérive du pôle Nord magnétique
Le pôle Nord magnétique est défini comme le point à la surface de la Terre où la direction du champ magnétique est exactement verticale vers le bas. Au pôle Nord magnétique, l’inclinaison magnétique (c’est-à-dire l’angle entre la direction du champ et le plan horizontal) vaut 90° et la déclinaison magnétique (c’est-à-dire l’angle entre la direction du champ et le pôle Nord géographique) n’est pas définie. De la même manière il existe un pôle Sud magnétique où le champ magnétique est exactement vertical vers le haut.
Il ne faut pas confondre pôles magnétiques (Nord et Sud) et pôles géomagnétiques. Les seconds sont définis comme l’intersection de la surface de la Terre avec l’axe du dipôle magnétique placé au centre de la Terre qui donne la meilleure approximation au premier ordre du champ magnétique global. Les pôles géomagnétiques Nord et Sud sont donc nécessairement antipodaux, contrairement aux pôles magnétiques. La différence entre les deux types de pôles provient du fait que le champ magnétique terrestre n’est pas exactement dipolaire à l’échelle globale. C’est pourquoi les méridiens magnétiques, même s’ils convergent tous au pôle Nord magnétique, ne le font pas de manière radiale : les boussoles mènent au pôle Nord magnétique sans pour autant pointer dans sa direction !
James Ross a été le premier à localiser précisément le pôle Nord magnétique en 1831, suivi en 1904 par Amundsen. À cette époque le pôle se trouvait au niveau de la péninsule de Boothia dans le Grand Nord canadien. Or le pôle se déplace en raison de la variation séculaire géomagnétique, elle-même due aux mouvements de convection du fer liquide dans le noyau de la Terre. C’est pourquoi des expéditions ont été régulièrement organisées au 20ème siècle pour mettre à jour la position du pôle sur les cartes magnétiques.
La dernière détermination in situ de la position du pôle a été faite par une équipe franco-canadienne (L.R.Newitt, A.Chulliat et J.-J.Orgeval, projet « Poly-Arctique ») en avril 2007, au moyen de plusieurs mesures dans un rayon d’environ 100 km autour du pôle. La position obtenue est 83.95°N, 121.02°O, soit environ 800 km au nord-ouest de l’île d’Ellesmere. Ces observations sur le terrain sont rendues de plus en plus difficiles par l’éloignement et le réchauffement climatique. Elles sont complétées depuis quelques années par des mesures satellitaires.
Le pôle Nord magnétique a dérivé relativement lentement (moins de 10 km/an) en direction de la Sibérie depuis 1834 jusqu’en 1980. A partir du milieu des années 1980, la vitesse de dérive a augmenté fortement pour atteindre 55 km/an environ aujourd’hui (toujours en direction de la Sibérie). Depuis le début des années 2000, cette vitesse semble s’être stabilisée. S’il continue à ce rythme-là, le pôle Nord magnétique atteindra la Sibérie vers 2040.
Ce phénomène d’accélération brutale n’est pas encore complètement expliqué. Il pourrait être lié à une augmentation du flux de champ magnétique dans la région polaire Nord du noyau terrestre. Celle-ci serait causée par l’expulsion de lignes de champ magnétique du noyau, selon un mécanisme proche de celui à l’origine de l’apparition des tâches solaires.
Topographie et bathymétrie
L’Arctique présente des paysages extrêmement diversifiés : banquise, côtes découpées, plaines côtières, collines et montagnes dépassant 6.000 mètres au-dessus du niveau de la mer (Le Mont McKinley à 6.194 m., dans le parc de Denali en Alaska), rivières et lacs, toundra et possède les plus grandes forêts au monde (Taïga russe).
La Toundra
Le terme d’origine russe toundra désigne la formation végétale circumpolaire qui succède vers le nord à la taïga (qui accueille des arbres). Elle se développe sur un sol gelé en permanence, du moins en profondeur, le pergélisol. Du sud au nord, on rencontre d’abord la toundra arbustive avec des landes à arbustes comprenant de nombreuses espèces de saules herbacés nains, des landes puis des pelouses (toundra herbeuse), enfin des zones où la végétation n’est plus représentée que par des mousses et des lichens (dont certains sont consommés par les rennes). Toutes ces plantes ont une croissance ralentie par les conditions climatiques (gel, vents, etc.), l’alternance d’une longue nuit hivernale et d’un long jour estival, et la pauvreté du sol. Cette dernière est due à la faible activité bactérienne : elle ne décompose que très peu la matière organique qui s’accumule et donne naissance à la tourbe. La courte période végétative est cependant suffisante pour attirer de nombreux oiseaux migrateurs (eider, bernache, oie des neiges, etc.) et en faire une zone de vie animale intense et de reproduction.
La banquise
Amas de glaces flottantes, formé par la congélation de l’eau de mer, aussi appelé pack. La banquise est constituée de glace annuelle qui se forme au début de l’hiver (embâcle) et fond au printemps (débâcle) et de glace polaire vieillie. Elle est soumise à des mouvements de marée et à des dérives provoquées par les courants marins et les vents.
Le Pergélisol ou Permafrost
Le pergélisol est un horizon de subsurface qui ne dégèle pas pendant au moins 2 années consécutives. Il enregistre le déficit thermique climatique sur une durée longue (103 ans) avec une accumulation de glace en lentilles, surtout dans les premiers 10 m du sol.
Son horizon supérieur dégèle chaque année : c’est la couche active où se forment des cercles de pierres, des cryoturbations. Le pergélisol actuel s’étend à basse altitude entre 57°N sur les façades orientales de continent et 70°N sur les façades occidentales. Son épaisseur varie de 20 m au Sud pour atteindre 300m dans les zones déglacées il ya 10.000 ans et plus de 600m dans les secteurs hypercontinentaux non-englacé au Quaternaire (Sibérie). Le record est détenu par les Monts de Verkoyansk, à l’Est de la Sibérie avec plus de 1.000m de profondeur. Le pergélisol peut être continu au Nord (> 80% de la surface), discontinu (entre 30 et 80%) et sporadique au Sud (Islande, Laponie, Québec).
Au plus chaud de l’Holocène, il y a 8.000 ans, le pergélisol s’est restreint à la zone incluse dans le cercle polaire arctique. Depuis il a à nouveau progressé vers le Sud. Consécutivement à la baisse de l’insolation estivale au cours de l’Holocène, la propagation actuelle du pergélisol vers le sud atteint environ un 1/3 de son extension au dernier maximum glaciaire.
Le pergélisol arctique est vieux (7-5 millons d’années) selon les auteurs russes. Son inertie thermique l’a fait résister en profondeur, aussi bien au réchauffement du Pliocène inférieur (4,2 millions d’années, palmiers aux Pays Bas !) qu’au plus chaud des interglaciaires du Quaternaire récent, l’Eemien (132-110.000 ans, poissons portugais au Danemark !). Une grande quantité de glace s’est formée dans l’horizon sommital du pergélisol lors d’épisodes humides et chauds, par exemple il y a 8.000 ans. Le pergélisol plus récent est moins riche en glace. Quand cette glace accumulée fond, le sol s’affaisse : il se forme des lacs thermokarstiques. Ceci s’est déjà produit au début de l’Holocène et avant le Petit Age Glaciaire.
Lorsque le pergélisol se refroidit, il peut incorporer des tourbes, bloquant la production annuelle de méthane, notamment en zone subarctique continentale. En profondeur, vers 200 m, des hydrates de gaz (méthane) peuvent s’y accumuler en grande quantité ; à plus faible profondeur, ils ne se forment pas.
L’océan Arctique
L’océan Arctique s’étend sur une surface de 13 millions de km² environ, ce qui en fait le plus petit océan du globe, et jusqu’à plus de 4.000 m de profondeur. Il recouvre l’ensemble des mers situées entre le Pôle Nord et le nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique.
Il communique avec le nord de l’océan Atlantique, recevant de grandes masses d’eau à travers la mer de Barents et le détroit de Fram et se trouve également en contact, mais plus étroitement, avec l’océan Pacifique à travers le Détroit de Bering.
La circulation océanique
La circulation de l’eau dans l’océan Arctique joue un rôle important dans le régime océanique global et dans la régulation du climat mondial, notamment par ses échanges thermiques avec l’atmosphère. Quand les eaux relativement chaudes et salées de l’océan Atlantique (le Gulf Stream par exemple) atteignent l’océan Arctique, qui est froid, leur densité augmente avec la baisse de la température, et elles s’enfoncent dans des couches plus profondes.
Ce processus de formation d’eaux profondes, appelé « circulation thermohaline » (de thermos, chaud, et halos , sel), est lent, mais a lieu sur d’immenses surfaces. Chaque hiver, plusieurs millions de km³ d’eau s’enfoncent ainsi vers des zones plus profondes, ce qui déplace lentement l’eau vers le sud, au fond de l’océan Atlantique.
Le lent brassage des océans a été représenté par les océanographes par un « tapis roulant » à l’échelle du globe. De nombreux autres courants (de surface, profonds et de profondeur intermédiaire) circulent selon un schéma complexe dans l’océan Arctique. Ce sont notamment des courants de surface dits « courants de Nansen » qui font dériver la banquise.
La banquise
L’océan Arctique est en grande partie recouvert par une banquise épaisse dont l’extension varie suivant les saisons. Elle est mobile, sans cesse fracturée et remodelée par les vents et les courants. En été, comme la mer ne gèle pratiquement pas, la banquise se fragmente en une multitude d’îles de glace flottante, les floes (Glaces en formes de radeaux plats formés à la débâcle du printemps).
Au fil des saisons, les glaces boréales passent de 8 à 15 millions de km² environ. Dans sa partie centrale la banquise peut faire jusqu’à 4 m d’épaisseur. Vous pouvez suivre l’évolution de la banquise arctique jour après jour ici.
Courants océaniques et extension de la banquise dans l’océan Arctique
L’océan Arctique circule dans le sens des aiguilles d’une montre selon une large rotation de l’est vers l’ouest autour de la banquise permanente. Ce mouvement giratoire, dit « de Beaufort », est dû aux vents caractéristiques de cette région qui tournent également dans ce sens. Le Transpolar Drift est le principal vecteur de la dérive de la banquise.
Le climat
Il est difficile de caractériser un seul climat arctique. En effet, le Grand Nord englobe différents types de régions où le climat peut être relativement différent d’un endroit à l’autre.
Le climat varie en fonction de la latitude (plus ou moins au nord), de la distance par rapport aux côtes (il fait en général plus froid dans les terres), de la présence ou non de courants marins (comme le Gulf Stream qui réchauffe les côtes de la Scandinavie), de l’altitude, des reliefs, etc.
Au sein d’une même région, comme dans l’Alaska, il peut ainsi exister plusieurs climats. De plus, dans les régions polaires, le bilan radiatif au sommet de l’atmosphère est déficitaire, c’est-à-dire qu’il y a plus de pertes de chaleur que de gains. Ce phénomène est lié à une déperdition énergétique qui s’explique par :
Ces variables influent sur le climat arctique. Un climat qui se caractérise par la disparité de ses saisons, l’inclinaison de la Terre par rapport au Soleil se traduisant dans la majeure partie de la région par l’existence de saisons à la longueur très variable :
L’hiver dure environ 9 mois (dont 6 mois de nuit polaire pour les régions les plus au nord), l’été est 3 fois moins long tandis que le printemps et l’automne s’apparentent à des périodes de transition qui n’excèdent pas quelques semaines. À Resolute au Canada (74°N), la période exempte de gel se réduit à 9 jours en moyenne par an !
Aussi rigoureux soit-il, le climat arctique le serait pourtant encore davantage s’il ne profitait de l’apport de chaleur par les courants océaniques et atmosphériques en provenance des régions chaudes. Le climat y est donc plus « clément » qu’en Antarctique.
L’alternance de jour et de nuit polaires : Cycle annuel de la lumière
L’Arctique est souvent décrit comme une zone de complète obscurité pendant l’hiver et de jour polaire (soleil de minuit) pendant l’été. En réalité, il existe peu d’endroits sur Terre où l’ensoleillement montre autant de variations dans sa luminosité en raison du faible angle de réflexion du Soleil sur les montagnes, la neige et le ciel pendant de longues périodes. Au nord du Cercle polaire arctique, le Soleil disparaît pendant l’hiver de quelques jours à plusieurs mois selon la latitude. Ce graphe indique la durée du jour à Holman dans les Territoires du Nord-Ouest dans l’Arctique canadien (70°44’N – 117°43’O).
Quoique ces peuples soient répartis sur une surface immense, et que leur nombre soit relativement faible, leurs vêtements, leurs outils, leurs techniques, leur organisation sociale, leurs éléments culturels ont une ressemblance frappante, qu’ils soient originaires de Sibérie, du nord de l’Europe ou de l’Amérique arctique.
Néanmoins, ces peuples présentent des différences telles que la sédentarisation / nomadisation, la chasse/l’élevage, les espèces exploitées suivant leur localisation, leurs rapports avec les autres peuples, etc.
ZOOM SUR…
les Inuit (ou Eskimos) du nord-est de la Sibérie au Groenland, en passant par l’Alaska et le Canada
On regroupe sous cette dernière dénomination (adoptée par les ethnologues réunis au Congrès international de Washington) un ensemble de populations arctiques réparties entre 56°N et 76°N, de la Sibérie orientale jusqu’à la côte est de Groenland, c’est-à-dire sur un territoire totalisant 15.000 km de côtes. Du point de vue linguistique, les Inuits sont classés en 2 groupes :
Les Inuits, qui sont rattachés politiquement à 4 nations (Russie, USA, Canada et Groenland), sont près de 150.000. Le groupe le plus nombreux (plus de 50.000) se rencontre au Groenland, avec les Kalaallit de la côte ouest et les Ammassalimiut de la côte est.
Le mot Eskimo (ou esquimau, correspondant généralement au peuple Inuk du Grand Nord canadien, de l’Alaska et du Groenland), qui provient de la langue crie (peuple amérindien d’Amérique du Nord), signifie « qui mange la viande crue ». Au Canada, les Inuits préfèrent le nom qu’ils se sont donné, soit celui d’Inuit, qui signifie « les gens » en inuktitut. Le singulier est Inuk et le pluriel Inuuk.
Les Inuits ne sont pas affiliés aux peuples amérindiens, arrivés des millénaires avant eux. Toutefois, les mêmes questions politiques se posent concernant les Inuit et les Amérindiens. Le plus important processus de revendication territoriale dans l’histoire du Canada a mené en 1999 à la création du Nunavut, un nouveau territoire conçu comme patrie d’une grande partie des Inuit du Canada et dont le nom signifie «notre terre».
De plus, afin de répondre aux revendications des Inuit de la région du Nunavik, dans l’Arctique québécois, le gouvernement du Québec a créé l’Administration régionale Kativik dans le cadre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Au Canada, les Inuits sont représentés par l’Inuk Tapiriit Kanatami.
Pour en savoir plus :
ZOOM SUR : Répartition des peuples arctiques basée sur les groupes linguistiques : http://www.grida.no
Les Sâmes (ou Saamis ou Lapons) au nord de la Scandinavie et dans l’ouest de la Russie
Le peuple Saami est un peuple indigène d’une zone qui couvre le nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et une petite partie de la Russie. Les Sâmes sont un des plus grands groupes autochtones en Europe. Ce n’est pas un groupe ethnique mais un peuple parlant des langues sames d’origine finno-ougrienne (10 langues sont recensées).
Ce peuple est le plus souvent nommé Lapon, mais ses membres préfèrent le nom Sàmi ou Saami, qu’ils utilisent pour se désigner. Le terme Lapon est considéré comme blessant (à rapprocher du Haut-Allemand lapp, signifiant idiot). Ils appellent leurs terres ancestrales Sápmi (Laponie).
Ils sont entre 60.000 et 100.000, répartis dans la calotte nordique qui court des rivages norvégiens jusqu’à la presqu’île de Kola (Russie). Plus de la moitié vit en Norvège, cependant qu’environ 20.000 résident en Suède, 6.000 en Finlande et à peine 2.000 dans le nord de la Russie.
Contrairement aux idées reçues, seulement 10% des Sâmes pratiquent l’élevage transhumant de rennes, l’essentiel de la population sâme exerçant d’autres activités : agriculture, pêche, industrie, activités tertiaires (dans le nord, mais aussi dans les métropoles du sud). Non seulement, l’élevage du renne n’a jamais été généralisé, mais il est entré relativement tard dans l’histoire des Sâmes qui pratiquaient auparavant la chasse de cet animal. C’est surtout à partir des 17e et 18e siècles que le renne domestique est devenu la principale ressource des Sâmes des montagnes et des forêts en même temps qu’il devenait l’animal emblématique de la culture saami.
Les Sâmes ont en Suède, en Norvège et en Finlande (mais pas en Russie) un droit de vote dans le parlement Saami, une autorité spécialement désignée. Ce dernier est un parlement démocratiquement élu qui agit comme une autorité gouvernementale.
Les Petits Peuples du Nord de la Russie qui regroupent une mosaïque d’ethnies plus ou moins affiliées entre elles (Évenks, Nénetses, Tchouktches, Aléoutes, etc.), et dont les populations sont peu nombreuses (< 50.000 individus)
C’est sous cette dénomination que les Russes regroupent la mosaïque de peuples autochtones (43 recensées en 2000 par la Fédération de Russie) qui se distribuent à travers l’Arctique et le Subarctique eurasiatiques, notamment en Sibérie.
19 ethnies appartiennent – de manière permanente ou non, beaucoup étant nomades – au domaine arctique; une classification ethnolinguistique simple permet de les répartir entre 3 grandes familles : ouralo-sibérienne, altaïque et déné-caucasienne.
De l’ouest à l’est : Sâmes – Nénetses – Mansis – Selkoupes – Énetses – Khantys – Kètes – Nganassanes – Dolganes – Évenks – Évènes – Youkaghirs – Tchouvantses – Tchouktches – Kéreks – Alioutors – Koriaks – Aléoutes – Inuit
La grande famille ouralo-sibérienne, la plus ancienne de Sibérie, occupe une place importante dans le nord de la Fédération de Russie. Elle se divise en 5 familles : finno-ougrienne, samodie, youkaghire, eskaléoute et luorawetlane (ou tchoukotko-kamtchatadale).
La grande famille altaïque est représentée dans l’Arctique sibérien par 2 familles : les langues turques parlées par les Yakoutes et les Dolganes, et les langues toungouzes parlées par les Évènes et les Évenks. Les peuples toungouzes ont pénétrés en Sibérie au début de notre ère. Ils ont atteint l’Arctique vers l’an 1000, pratiquement au moment même où les Yakoutes commençaient leur progression vers le sud. Les Yakoutes (ou Sakhas) ne sont pas considérés comme une minorité car la population comptait 382.000 individus en 1989
La grande famille déné-caucasienne, dont la seule famille arctique est dite yénisséïenne , est représentée par l’ethnie des Kètes. Des études récentes la placent au sein d’un vaste ensemble regroupant langues basques, caucasiennes, yénisséïennes et sino-tibétaines. Leur origine est aujourd’hui encore sujette à discussion.
Source : « Le monde polaire – Mutations et transitions », sous la direction de M.-F. André, éditions ellipses, 2005
Quelques ethnies représentatives des Petits Peuples du Nord de la Russie :
À ces ethnies, dont les populations sont toutes inférieures à 50.000 personnes, les Yakoutes (ou Sakhas) peuvent être ajoutés aux peuples de l’Arctique sibérien.
Les Yakoutes (ou Sakhas) en Russie qui ne peuvent être classés dans les « Petits Peuples du Nord » du fait de leur importante population (>300.000) et dont un grand nombre vit en Sibérie arctique
Les Yakoutes (qui se nomment eux-mêmes Sakhas) sont un peuple sibérien qui forme la branche nord-est des peuples turcs. Refoulés au XIV e siècle des parages du lac Baïkal dans la vallée de la Léna, ils occupent aujourd’hui presque en totalité les bassins des fleuves Khatanga, Olekma, Léna, Yana et Indighirka, empiétant sur les territoires de leurs voisins : Toungouzes, Tchouktches, Samoyèdes, etc.
À partir du XVIII e siècle, des colonies russes migrèrent peu à peu dans ces régions et aujourd’hui leurs descendants représentent la moitié de la population de la République de Sakha (ex-Yakoutie). Les Yakoutes eux–mêmes représentent le tiers de la population et le deuxième plus grand groupe ethnique.
La Iakoutie qui couvre le 5e de la Fédération de Russie abrite l’un des « pôles du froid » terrestres : Verkhoïansk. C’est dans cette ville que fut enregistrée au début du XX e siècle une température de -71°C en zone habitée.
Les Iakoutes sont chasseurs d’élan, éleveurs de chevaux et de bovins, parfois commerçants. Ils sont plus de 300.000, constituant ainsi l’un des peuples de Sibérie les plus nombreux. La chute du régime communiste a vu naître un important phénomène de renouveau culturel.
L’épopée iakoute a officiellement été inscrite par l’UNESCO au patrimoine immatériel de l’humanité en 2005. Leur langue se parle d’Irkoutsk à la mer d’Okhotsk et de la frontière chinoise à l’océan Arctique, sur un domaine immense couvert par les montages et la taïga mais désert.
Pour en savoir plus : La Yakoutie et ses peuples
Organisation politique et revendications territoriales
Au fur et à mesure des contacts effectués par les Occidentaux et les Russes avec les populations de l’Arctique, celles-ci ont vu leur organisation bouleversée. Progressive ou brutale, la sédentarisation est allée de pair avec l’occidentalisation ou la russification des modes de vie. Cependant, la fin du 20e siècle a vu émerger les revendications des communautés arctiques les plus nombreuses et les mieux organisées qui font valoir leurs droits à contrôler la gestion de leur territoire.
Création du Nunavut
Le plus important processus de revendication territoriale dans l’histoire du Canada a mené en 1999 à la création du Nunavut, un nouveau territoire conçu comme patrie d’une grande partie des Inuits du Canada et dont le nom signifie « notre terre ». De plus, afin de répondre aux revendications des Inuit de la région du Nunavik, dans l’Arctique québécois, le gouvernement du Québec a créé « l’Administration régionale Kativik » dans le cadre de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975.
Le parlement Saami
Les Sâmes ont en Suède, en Norvège et en Finlande (mais pas en Russie) un droit de vote dans le parlement Saami, une autorité spécialement désignée. Ce dernier est un parlement démocratiquement élu qui agit comme une autorité gouvernementale.
L’Association Russe des Peuples Autochtones du Nord
Les « Petits Peuples du Nord » de la Russie ont beaucoup souffert de la soviétisation de la Sibérie par l’ex-URSS : exploitation des ressources naturelles au détriment de l’intégrité de leurs territoires et implantation des goulags. Aujourd’hui, l’Association Russe des Peuples Autochtones du Nord (Russian Association of Indigenous Peoples of the North – RAIPON) travaille pour unir 30 des minorités autochtones afin de présenter une voix unie au Gouvernement fédéral russe à Moscou.
La situation géographique et les conditions climatiques sont à l’origine d’un ensemble d’écosystèmes étonnants, sensibles aux moindres variations. Mais malgré ces conditions extrêmes, les régions arctiques, loin d’être désertiques et désertées, offrent une grande diversité végétale et animale.
La flore est principalement représentée par les végétaux composant la toundra qui recouvre le pergélisol. Ce sol gelé empêche les racines des arbres de puiser en profondeur les éléments nécessaires à leur croissance. C’est pourquoi les arbres sont absents de ces régions. La ligne de démarcation entre les régions boisées et les régions non boisées s’appelle « limite de l’arbre ». Elle est souvent utilisée par les naturalistes comme frontière théorique entre l’Arctique et le Subarctique.
Plancton et krill : La rencontre des courants marins nord-sud fait des mers arctiques des eaux d’une extrême richesse en micro-organismes (plancton et krill), base alimentaire d’Invertébrés et de Vertébrés dont un grand nombre se concentre aux abords des polynies (étendues de mer libre dans la banquise), des chenaux, des côtes libres de glace et aux marges de la banquise.
Les mammifères, qu’ils soient terrestres ou marins, sont remarquablement bien adaptés au monde arctique. Ils ont développé des caractéristiques telles que des poils creux, une épaisse couche de graisse ou une augmentation de la taille, qui leur permettent de résister au froid.
Un jeune renne couché dans la neige.
Les mammifères marins sont représentés par 6 espèces de phoques, 2 espèces d’otaries et les morses (Pinnipèdes) ; 11 espèces de cétacés à dents (Odontocètes) tels que le béluga et le narval et 8 espèces de cétacés à fanons (Mysticètes) tels que la baleine à bosse et le rorqual bleu qui se nourrissent du krill qui abonde dans les eaux arctiques.
Un morse
La queue d’une baleine
Les principaux mammifères terrestres sont l’ours polaire, le renne (ou caribou), le bœuf musqué, le renard polaire, le glouton et le lemming.
Un renard polaire
Un renard polaire avec son pelage d’été
Plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux vit dans les régions arctiques, mais rares sont les résidents permanents (faucon gerfaut, chouette harfang, lagopède, grand corbeau, mouette ivoire, etc.).
Il n’y a pas de manchot en Arctique ! En effet, il ne faut pas les confondre avec les pingouins qui eux vivent au nord, mais qui peuvent tous voler (depuis la disparition du grand pingouin qui était le seul à ne pas pouvoir voler).